Accusé d’abus de confiance et de concurrence déloyale par la société African Bauxite Corporation (ABC), les débats dans le procès d’Hamed Kanté, ancien ministre des Mines, se sont poursuivis ce lundi 28 septembre 2024 au tribunal correctionnel de Kaloum.
Après les interventions des avocats de la partie civile, c’était au tour des avocats d’Hamed Kanté de poser des questions à leur client. Alors que l’accusé avait précédemment répondu de manière claire aux questions de la partie civile, un changement de ton a été remarqué lors de cette audience, selon Me Alkaly Mohamed Touré, qui s’interroge sur l’acquisition des 58 % de parts de la société que dirige aujourd’hui M. Kanté.
“En réalité, j’ai constaté qu’il semble avoir été préparé pour cette audience, cherchant à ajuster ses déclarations. Aujourd’hui, ses propos contredisent ceux tenus lors de la dernière audience. Il reconnaît qu’il n’a pas présenté de contrat d’augmentation de capital lorsqu’on lui a demandé ce que le Groupement d’Intérêt Commun (GIC) avait apporté pour justifier ses 58 % de parts, initialement détenues par ABC dans l’accord signé entre ABC et SB Mining. Aujourd’hui, nous parlons de GIC, mais d’où viennent ces 58 % ? Quel investissement les justifie ?”, s’est-il interrogé.
Plus loin, l’avocat a accusé Hamed Kanté de créer frauduleusement les sociétés qu’il dirige actuellement.
“En réalité, c’est lui qui a créé de manière frauduleuse la société GIC ainsi que la société AGB2A. Lors de la deuxième audience, il a reconnu lui-même que ces sociétés ont été créées dans la précipitation pour récupérer ce projet. Mais en vertu de quoi s’octroie-t-il le droit de s’insérer dans un projet auquel il n’est ni associé ni investisseur ? Il n’a, en réalité, aucune légitimité. Même en tant que caution morale, son rôle aurait dû se limiter à conseiller la société qu’il soutient, mais certainement pas à la remplacer. On peut voir que les arguments de la défense dans ce dossier contiennent en eux-mêmes les germes de leur propre effondrement, car la défense ne pourra jamais apporter des éléments justificatifs dans ce sens. Tout ce qu’il avance à propos de la société ERAGIANE Resources n’est qu’accusations gratuites”, a déclaré cet avocat de la partie civile.
Quant à la défense d’Hamed Kanté, elle estime que la partie civile ne fait que répéter des arguments et que leur client n’a rien à cacher dans cette affaire.
“Il n’y a aucune preuve écrite, aucun témoin ; absolument rien. Tout cela n’est que du verbiage juridiquement enrobé, mais, en substance, il n’y a rien. Monsieur Hamed Kanté a apporté des preuves. J’ai entendu dire que l’on prétend qu’ABC2A détient 58 %, et non GIC. Or, ABC2A est la création de trois sociétés : GIC, Sunder Mining et Sigma Business Solution. Donc, contrairement à ce que la partie civile prétend, GIC ne détient pas 58 % mais plutôt 56 %. Il n’existe aucun site minier au nom d’ABC. Elle ne détient aucun titre, c’est une société uniquement constituée sous le droit anglais”, a-t-il déclaré.
Le procès a été renvoyé au 4 novembre prochain pour la suite des débats.
Mimi Bangoura, pour lerenifleur224.com