Plainte de l’AVCB contre l’État sur la rébaptisation de l’aéroport Ahmed Sékou Touré : le dossier devant la cour suprême, renvoyé en quinzaine

Après le décret du Président de la transition rebâptissant l’Aéroport International de Conakry Gbèssia au nom de l’ancien Président de la République Ahmed Sékou Touré, les réactions ne se sont pas fait attendre au sein de la classe sociopolitiques Guinéenne. 

Si pour certains, cette action du président de la transition était salutaire, pour d’autres le pouvoir en place est en train de souiller l’honneur des martyrs.

C’est le cas de l’Association des Victimes du Camps Boiro (AVCB) qui a introduit un recours en annulation pour excès de pouvoir à la cour suprême contre le décret D/2021/0227/PRG/SGG/CNRD du 16/12/2021.

Me Tall Ahmadou Baidy Habib, avocat de l’Association des Victimes du Camp Boiro en conférence de presse ce jeudi 30 mai 2024 dans la salle d’audience de la Cour Suprême, s’est dit très choqué de cette décision du Général Mamady Doumbouya.

<< Il y a bientôt trois (3) ans de cela, qu’un édifice public aussi symbolique qu’un aéroport international, porte d’entrée dans un pays, se trouve affublé du nom d’un dictateur. C’est par rapport à ça l’AVCB a décidé d’introduire une action en justice. Au paravent la loi nous permettait d’introduire un recours gracieux devant l’auteur du décret, c’est-à-dire le Président de la transition et d’attirer son attention sur le caractère inopportun et mal venu de ce décret. Face à ce recours gracieux, on a eu une réponse écrite de son ministre secrétaire général qui n’avait aucun pouvoir de signer à sa place. On avait fait l’observation à l’époque. À artir de là, celui-ci nous a signifié que l’État n’avait l’intention de revenir sur son décret. Après on a exercé les recours que la loi nous accordait. C’est le recours pour excès de pouvoir qui est dirigé contre ce décret devant la chambre administrative de la Cour Suprême de Guinée. En ce sens, nous avons introduit une procédure depuis février 2022. De février 2022 à maintenant, je suis allé plusieurs fois devant la Cour Suprême pour prendre des nouvelles de l’évolution de ce dossier. C’est seulement il y a une dizaine de jour qu’on a reçu un coup de fil du greffe pour nous dire que le dossier passe aujourd’hui », a-t-il indiqué avant de renchérir.

<< On ne part pas dans un procès en disant d’avance que ça ne marchera pas. Mais de toute façon, il y a des efforts qu’il faut fournir, c’est le combat de notre génération, celui de défendre la mémoire de ceux qui ont été injustement assassinés et que les différents régimes politiques qui sont venus en Guinée ont été jusque-là incapables de réhabiliter les victimes dans le cadre d’une procédure normale. Et par rapport à ça, on se dit que c’est un combat pour la vie, un combat mémoriel. Alors si les magistrats qui sont-là aujourd’hui,  disent le droit, nous avons de fortes chances de voir prospérer notre demande parce que dans la requête qu’on a présentée, on a décrit depuis les années 54, qui était Sékou Touré ? Ce qu’il a fait, quels sont les crimes qu’il a commis? Et c’est des crimes qui n’ont épargné aucune couche sociale. Aucune classe sociale. Que ce soit au plan ethnique, toutes les ethnies de la Guinée ont été touchées, que ce soit au plan professionnel, tous les corps professionnels de la Guinée ont été touchés, qu’on parte du cireur de chaussures jusqu’à l’ingénieur ou au professeurs agrégés. Alors c’est à eux de juger cette histoire et demain, ça sera à l’histoire de les juger en fonction de ce qu’ils feront aujourd’hui>>, a fait savoir l’avocat des victimes.

 

 

Ousmane Baldé, pour lerenifleur224.com