Condamnation de Damaro, Diané et autres par la CRIEF : la réaction incisive d’Alseny Farinta Camara, président du RENADE
Dans une interview accordée ce vendredi 20 décembre 2024 à Lerenifleur224.com, Alseny Farinta Camara, président du Réseau National des Acteurs du Développement Durable (RENADE), a réagi avec fermeté aux récentes condamnations prononcées par la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) contre Amadou Damaro Camara, Dr Mohamed Diané et Michel Kamano.
« Nous saluons la décision de la CRIEF, car elle envoie un signal fort aux agents de l’État sur leur obligation de rendre compte de leurs gestions, aujourd’hui ou demain. Les biens publics sont impersonnels. Personne ne peut, par arrogance ou mépris des lois, s’approprier le patrimoine guinéen comme s’il s’agissait d’une propriété personnelle ou familiale », a-t-il déclaré.
Cependant, M. Camara n’a pas manqué de souligner les limites et les défis auxquels fait face la CRIEF. Il a insisté sur la nécessité d’une réforme en profondeur de l’institution pour la rendre plus efficace et équitable.
« Bien qu’une refonte de la CRIEF soit indispensable, elle doit être plus audacieuse dans la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite des fonctionnaires, des hauts cadres et des prestataires publics. La société civile guinéenne ne comprend pas les deux poids deux mesures qui semblent caractériser son fonctionnement », a-t-il affirmé.
Alseny Farinta Camara a également pointé du doigt des dossiers en attente qui, selon lui, ternissent l’image de la justice économique du pays.
« Où en sommes-nous avec les enquêtes sur les 498 marchés publics attribués en 2022 ? Avec le dossier de l’ancien ministre des Mines et de son conseiller économique et fiscal, toujours en fonction malgré une enquête ouverte depuis février 2024 ? » s’interroge-t-il.
Il a également dénoncé ce qu’il appelle « une bande de mafia organisée » au sein de la direction générale des Douanes. Pour lui, ces délinquants économiques et financiers devraient servir d’exemple, bien que son espoir en un changement radical demeure faible.
Dans son intervention, le président du RENADE n’a pas épargné le régime du président Mamadi Doumbouya, qu’il accuse de tolérer des pratiques corruptives généralisées.
« La quasi-totalité des membres du gouvernement et des responsables de régies financières baignent dans la corruption et l’enrichissement illicite », a-t-il asséné, qualifiant la gouvernance actuelle de synonyme de « détournement de fonds publics, trafic d’influence, favoritisme et enrichissement illicite ».
Pour conclure, Alseny Farinta Camara a estimé que les peines infligées aux anciens dignitaires du régime Alpha Condé restent insignifiantes au regard des crimes économiques commis pendant plus d’une décennie. Il appelle à un élargissement des poursuites, visant aussi bien les anciens responsables que ceux actuellement en fonction, afin de garantir transparence, responsabilité et une gouvernance vertueuse.
Cette déclaration résonne comme un appel à une justice plus équitable et à une lutte renforcée contre l’impunité en Guinée, dans un contexte où la crédibilité des institutions judiciaires reste un défi majeur.
Par Rama Fils, pour lerenifleur224.com