Sanctions contre le Niger : Ce n’est pas le Niger qui est en train d’être sanctionné, c’est un groupe de militaire d’officier…. Pense Bah Oury (Interview)
Les pays limitrophes du Niger, membres de la CEDEAO, appliquent déjà les sanctions décidées dimanche par le sommet des chefs d’État de l’institution régionale. Par exemple, le Bénin a fermé sa frontière avec le Niger, la porte d’entrée de toutes les importations qui transitent par le port de Cotonou. Pour répondre à toutes ses interrogations, le leader du parti Union des démocrates pour la renaissance de la Guinée (UGRD) a tenté ce lundi à répondre aux questions de nos confrères de la radio Horizon FM
Pensez-vous que le Niger mérite ses sanctions ?
Bah Oury : Ce n’est pas le Niger qui est en train d’être sanctionné, c’est un groupe de militaire d’officier qui de manière intempestive voir même irrationnelle, irresponsable ont décidé de procéder à la rupture de l’ordre constitutionnel dans la République du Niger. Vu les dangers et les risques que cela peut engendrer pour la sécurité même du Niger et pour la sécurité régionale, du fait que cette zone est déjà en conflit ouvert avec des mouvements djihadistes qui se propage, du Mali, du Burkina Faso et dans le nord de certains pays frontalier, la côte d’ivoire, du Togo, du Bénin, du Ghana et du Nigéria, en plus du Niger, le risque est trop grand pour permettre de laisser les choses à l’état , ça c’est l’aspect purement interne concernant le Niger proprement dit. Le second point la recrudescence des coups d’Etat dans l’ouest-africaine avait déjà amené la CEDEAO avant la semaine dernière à procéder à des décisions majeures pour dire stop ! au coup d’Etat dans la région, qu’il soit d’ordre constitutionnel, c’est-à -dire utiliser des instruments juridiques pour enfreindre au cours normal des processus politiques ou autres. Maintenant l’organisation régionale est devant une situation où elle doit nécessairement agir avec fermeté et rigueur pour ne pas être totalement discréditée et perdre sa raison d’être. Au troisième point, nous sommes au sud du Niger. C’est un grand pays qui fait plus de 200 millions d’habitants qui est un poids lourd dans le continent, qui a un nouveau chef de l’Etat, le président Tinubu qui cumule à la fois, la présidence de la Conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO et en même temps président du Nigéria et qui veut montrer une volonté d’affirmer son leadership et le leadership du Nigéria, par conséquent, tous ses éléments conjuguer les uns après les autres. Le Niger par rapport à la situation régionale est le pivot des politiques de confinement des djihadistes et du terrorisme dans le SAHEL est devenu le pivot des politiques externes de la communauté internationale pour lutter contre le terrorisme dans cette partie du monde, l’un dans l’autre en cumulant tout cela, vous vous rendez compte que les autorités militaires qui ont pris l’initiative du coup d’état contre le président Bazoum qui est nouvellement élu, qui n’a même pas 2 ans au pouvoir, dans une logique de multipartisme et d’alternance politique, cela devenait intenable et inacceptable, avec tous les risques sécuritaires et politiques et les risques de perdre l’image que cela occasionne pour l’ensemble du continent Africain.
Que pensez-vous de l’option militaire envisagée au cas où les militaires ne se rendent pas dans ces jours ?
Bah Oury : Vous savez, lorsqu’on laisse perdurer la situation au Niger, le risque est beaucoup plus grand de voir ce pays s’effondrer, le djihadiste s’est propagé, voulant au nom d’une certaine forme de sécurisation, on risque d’encourager la déstabilisation généralisée de l’ensemble des pays Africains. Donc lorsque vous gouverner, il y’a des moments où il faut faire le bon choix, et c’est choix ne sont pas toujours les plus heureux dans un contexte d’un monde troublé avec beaucoup d’enjeux et beaucoup de conflits potentiels, il faut prendre le moindre mal pour préserver le présent et le futur.
A cette allure est-ce que vous pensez que les militaires au pouvoir vont céder à la pression de la communauté internationale ?
Bah Oury : Je pense que la semaine qui est donnée, c’est une semaine de négociation, c’est une semaine où on essaye avec les autorités de tous les niveaux, essayer de faire jouer les arguments diplomatiques, économiques, les arguments de raison pour amener à une meilleure compréhension par ces officiers militaires de la nécessité de prendre en compte les intérêts de leur pays, s’ils se reconnaissent comme des patriotes nigériens.
On a vu les citoyens sortir dans la rue à Niamey pour soutenir les militaires avec le drapeau Russe, est-ce que ça ne vous inquiète pas qu’une partie de la population soutient ce coup d’Etat comme cela est arrivé dans d’autres pays africains ?
Bah Oury : Vous savez, les manœuvres, les instrumentalisations des populations surtout d’une jeunesse qui ne prend pas en compte les vrais enjeux, c’est très habituel, ce schéma a été déjà vu ailleurs, donc c’est pour dire que ça manque de naturel et de spontanéité. C’est beaucoup plus téléguidé que ça répond à une réaction naturelle et générale. Je dois vous dire également qu’à l’intérieur du Niger à 175 km de Niamey, les populations sont sorties pour apporter leurs soutiens au Président Bazoum et au retour immédiat à l’ordre constitutionnel normal et un peu partout aujourd’hui, à l’intérieur du Niger. Il ya des mouvements de ce genre qui sont engagés, un parti politique a demandé à tous ses militants de se mobiliser pour revendiquer la restauration de l’ordre constitutionnel et la réinstallation du président Bazoum comme président légitime de la République du Niger.
Merci