Après sa suspension par le ministre de la justice, le procureur Abdoulaye Israël Kpoghomou parle de règlement de compte à son égard

Dans un arrêté rendu public ce jeudi 23 mars 2023, le ministre de la justice et des droits de l’homme, a suspendu le Procureur de la République près le tribunal de première instance de Labé, après le décès d’un détenu à la maison centrale de Labé.

Au cours d’une interview qu’il a accordée à notre correspondant régional ce vendredi 24 mars 2023, le procureur Abdoulaye Israël Kpoghomou souligne qu’il est victime d’un acharnement. Le magistrat qualifie sa suspension de règlement de compte.

‘’Je ne suis ni de prêt, ni de loin coupable des faits qu’on me reproche. Je n’ai commis aucune faute professionnelle. Je suis l’un des procureurs les plus attachés à la défense des droits de l’homme, en particulier des détenus. Je ne fais jamais une semaine sans me rendre à la maison centrale et lorsque j’y vais, j’y vais dans toutes les cellules, je contrôle les conditions de détention, parfois, je prends le petit déjeuner avec les détenus. Si on m’apprend que je n’ai pas libéré quelqu’un et qu’il est décédé, je suis étonné, parce que celui qui est décédé, c’est moi qui l’ai fait évacuer à l’hôpital. Comment je peux évacuer quelqu’un à l’hôpital, si j’ai une décision de liberté lui concernant. Et cette décision, lorsqu’elle est arrivée à mon parquet, je souligne je n’étais pas là, j’étais en mission d’inspection dans les justices de paix, j’étais ce jour à Lélouma et à mon retour, j’ai continué dans les autres préfectures. C’est pour vous dire que la décision qui est prise contre moi, est une décision arbitraire. Je suis victime d’un acharnement et j’attire votre attention que lorsqu’un magistrat est dans cette situation, il lui ai demandé de produire un rapport. Et, lorsque qu’on m’a demandé hier de produire un rapport, c’est en faisant ce travail, que j’ai appris ma suspension sur les réseaux sociaux, alors que l’inspecteur général des services judiciaires m’avait donné jusqu’à mardi, pour produire mon rapport. Et j’étais suspendu pendant que mon rapport était en train d’être préparé. C’est pour dire que le principe de la présomption d’innocence n’a pas été respecté dans cette affaire, le ministre est allé vite en besogne, il s’est acharné contre ma personne. Ma suspension est un règlement de compte et, c’est le même règlement de compte qui m’a enlevé à mon poste à Mafanco pour m’envoyer à Labé, parce que je n’ai rien fait de mal’’, s’est défendu le procureur de la République près le tribunal de première instance de Labé.