Les travailleurs de l’entreprise HENANCHIE, en charge des travaux de réhabilitation de la Route Nationale N°1 à l’entrée de Kankan, ont déclenché une grève ce mercredi 12 mars 2025. Ils dénoncent des conditions de travail précaires, des salaires irréguliers, le non-respect des droits des travailleurs et des traitements qu’ils qualifient d’inhumains. Face à cette situation, les grévistes appellent à l’intervention des autorités pour une amélioration de leurs conditions de travail.
Tôt ce matin, des centaines de travailleurs, dont des chauffeurs et des manœuvres, ont stoppé leurs activités. Bulldozers, camions-bennes et chargeurs sont restés immobilisés tandis que les employés ont investi la devanture du siège de l’entreprise pour faire entendre leurs revendications. Sur place, la colère et la frustration se lisaient sur tous les visages.
Kaba Amara, l’un des manifestants, explique les raisons de cette mobilisation
« Nous réclamons un salaire fixe et décent, un chronogramme de travail clair, ainsi que des équipements de protection comme des gants et des bottes. Actuellement, nous travaillons sans aucun jour de repos, du lundi au dimanche. Même en cas d’accident, l’entreprise ne prend pas en charge nos soins. C’est inacceptable ! »
Son collègue, Mohamed Kourouma, ajoute
« Ici, personne ne connaît son salaire à l’avance. À la fin du mois, on nous donne une somme aléatoire, parfois 200 000, 300 000 ou 400 000 francs guinéens. De plus, nos horaires de travail ont été rallongés sans aucune consultation. Avant, on travaillait jusqu’à 17h, maintenant c’est 18h, avec seulement 20 minutes de pause. Un de nos collègues s’est blessé en manipulant des briques et l’entreprise ne lui a accordé aucune assistance. Nous sommes traités comme des bêtes ! »
Kaba Konaté, chauffeur au sein de HENANCHIE, dénonce également la gestion de l’entreprise
« Nos conditions sont pires que celles des esclaves de Samory. Ailleurs, un chauffeur gagne 3 millions de francs guinéens par mois, alors qu’ici, nous touchons à peine 1 million. Les Chinois disent que ce sont nos responsables guinéens qui détournent notre argent. Nous voulons un contrat de travail clair et des garanties salariales. Nous sommes des travailleurs, pas des esclaves ! »
Malgré plusieurs tentatives, les responsables de HENANCHIE n’ont pas souhaité réagir aux accusations des grévistes. Face à ce silence, les employés maintiennent leur position : pas de reprise du travail sans un accord concret.
Cette crise pourrait rapidement dégénérer si les autorités ne prennent pas des mesures pour ouvrir un dialogue entre les travailleurs et la direction. La balle est désormais dans le camp des responsables de l’entreprise et des autorités guinéennes pour désamorcer la situation avant qu’elle ne s’envenime.
De Kankan, Kadija Kolou Condé pour lerenifleur224.com