À Kankan, un conflit religieux agite la cité historique. Le grand imam El Karamô Bangaly Kaba, également inspecteur régional de la ligue islamique de Kankan, a été suspendu de ses fonctions par le Sotikèmo (patriarche), une décision qui fait couler beaucoup d’encre.
Le litige découlerait de l’intention présumée du grand imam de désigner son fils, Kalou Kaba, comme successeur à la tête de la grande mosquée de Kankan, écartant ainsi d’autres prétendants potentiels. Cette volonté aurait provoqué l’indignation des notables et des membres influents des castes de Kankan, notamment la caste Timbön, qui ont soumis l’affaire aux trois autres castes décisionnaires (Bananköröda, Kabadada et Salamanida).
Selon Assa Madi Kaba, proche du Sotikèmo, plusieurs tentatives de conciliation ont échoué.
« Nous avons tenté de raisonner le grand imam sur le fait que l’imamat n’est pas un héritage familial, mais il n’a pas accepté immédiatement. Il a fini par céder sous pression, mais l’affaire a pris une autre tournure », explique-t-il.
La situation s’est aggravée lorsque le grand imam se serait rendu chez le Sotikèmo pour l’insulter, ainsi que les notables présents.
« Il a manqué de respect au patriarche dans sa propre concession, insultant tout le monde, y compris des figures religieuses influentes comme Karamô Taliby », ajoute Assa Madi Kaba. Cette offense aurait conduit à la suspension du grand imam par décision collégiale des quatre grandes castes de Kankan.
Depuis des décennies, le choix du grand imam de Kankan relève d’un processus collégial orchestré par les notabilités locales, comme ce fut le cas en 1995 lors de la nomination d’El Karamô Bangaly Kaba. Ce système vise à garantir une gestion collective et apaisée des affaires religieuses, loin des dynamiques familiales.
Dans l’attente d’une déclaration officielle des quatre castes, l’intérim est assuré par Karamô N’Faly. Ce conflit met en lumière des tensions entre tradition et personnalisation du pouvoir religieux, reflétant des enjeux plus larges au sein de la communauté.
Kankan, cité de N’bemba Alpha Kabiné Kaba, reste suspendue à la suite de cette affaire, espérant un dénouement apaisé pour préserver son riche héritage spirituel.
Par Kadija Kolou Condé pour lerenifleur224.com