Depuis plus de quatre mois, la Guinée est marquée par une affaire de disparition forcée qui suscite une vive indignation nationale et internationale. Oumar Sylla, alias « Foniké Menguè », et Mamadou Billo Bah, deux figures emblématiques de la société civile guinéenne, ont été enlevés le 9 juillet 2024 par des agents de sécurité sur ordre présumé du Général Mamadi Doumbouya, président de la transition. Ces événements interviennent dans un climat politique tendu, où les espoirs suscités par le renversement du régime précédent en 2021 ont laissé place à une gouvernance autoritaire.
Les faits remontent à une campagne pacifique dénonçant la censure des médias. Alors qu’ils participaient à cette initiative citoyenne, les deux activistes ont été arrêtés dans des conditions obscures. Malgré les témoignages accablants, notamment celui d’un militant relâché qui a décrit des actes de torture, les autorités guinéennes nient toute implication et déclinent leur responsabilité dans cette disparition. Le gouvernement se limite à des déclarations ambiguës, alimentant la frustration des familles des disparus et de la société civile.
En droit international, la disparition forcée constitue un crime contre l’humanité, inscrit à l’article 7 du Statut de Rome. En Guinée, cette infraction est également sévèrement punie par le Code pénal de 2016. Cependant, aucune enquête sérieuse n’a été initiée par la justice guinéenne, perçue comme incapable d’agir sous la pression des autorités militaires. La déclaration du porte-parole de la Présidence, minimisant l’ampleur des disparitions dans le pays, a ajouté à l’indignation générale.
Face à cette situation, Tournons La Page Guinée et d’autres organisations militantes ont saisi l’Organisation des Nations Unies (ONU). Dans une lettre adressée à António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, elles demandent l’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale sous l’égide du Conseil de sécurité. Cette démarche vise à faire la lumière sur le sort d’Oumar Sylla et de Mamadou Billo Bah, mais aussi à dénoncer les atteintes systématiques aux droits humains en Guinée.
Alors que la transition militaire touche à sa fin théorique, l’inaction face à cette affaire pourrait ternir davantage l’image des autorités guinéennes sur la scène internationale. La communauté internationale, et en particulier l’ONU, est appelée à jouer un rôle crucial pour garantir justice et vérité dans cette affaire qui symbolise les défis majeurs des droits humains en Afrique de l’Ouest.
Ci-dessous la lettre adressée aux Nations-Unies
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