Me Mamadou Souaré Diop (Bâtonnier) : ‘’ Il n’y a pas d’ordre public, là où le citoyen peut être arrêté arbitrairement et séquestré en dehors du cadre prévu par la législation pénale..’’
La rentrée solennelle des avocats de Guinée s’est tenue ce vendredi 14 novembre 2024 au Palais du Peuple, sous la présidence de l’Honorable Dr Dansa Kourouma, Président du Conseil National de la Transition. Aux côtés de ce dernier, figuraient plusieurs personnalités de premier plan, notamment le Premier ministre Amadou Oury Bah, le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme Yaya Kairaba Kaba, ainsi que de nombreux invités prestigieux venus de Guinée et d’ailleurs.
Cette cérémonie, qui a réuni près de 400 avocats guinéens qui compose le Barreau de Guinées qui est créé en juillet 1986 et des représentants de Barreaux étrangers, s’est déroulée sous le thème « Le droit comme instrument de sécurité des personnes et des entreprises ».
Lors de cet événement, le bâtonnier de l’Ordre national des avocats de Guinée, Me Mamadou Souaré Diop, a livré un discours poignant. Il a souligné l’importance du respect des garanties liées à l’exercice de la profession d’avocat et le rôle crucial de cette dernière dans la défense des droits fondamentaux et de l’État de droit. Selon lui, les avocats sont les « soldats du droit », investis d’une mission sacrée pour garantir la justice et protéger les libertés des citoyens.
« Il faut être d’abord en mesure de se protéger soit même, avant de prétendre assurer la protection des autres. C’est pourquoi le même instrument des NU précise que <<< les associations professionnelles d’avocats ont pour rôle crucial d’assurer. le respect des normes établies et de la déontologie de leur profession, la défense de leurs membres contre toute restriction ou ingérence injustifiée, le libre accès de toutes les personnes qui en ont besoin aux services juridiques, et la coopération avec les institutions gouvernementales et autres au service de la justice et de l’intérêt commun. Ainsi, le Barreau en tant qu’institution constitue donc une lanterne, une force de réflexion et de proposition féconde à l’endroit des autorités publiques. C’est aussi une force qui dénonce, en cas de nécessité de toutes les déviances qui entament défavorablement: le bon vivre ensemble dans une société, le droit au respect de la vie et des biens, le respect des libertés publiques est un élément essentiel de l’ordre public ». a souligné Me Mamadou Souaré Diop
Le bâtonnier a rappelé que la probité, l’indépendance et la compétence sont les piliers essentiels de cette noble profession. Il a également insisté sur l’importance pour les avocats de collaborer avec les pouvoirs publics tout en dénonçant les dérives susceptibles de menacer la cohésion sociale et la sécurité juridique.
« Pour ceux qui ne le savent pas encore ou ceux qui le savent mais qui font fi, malgré tout, il n’y a pas d’ordre public, là où il n’y a pas de sécurité juridique. Il n’y a pas d’ordre public, là où le citoyen peut être arrêté arbitrairement et séquestré en dehors du cadre prévu par la législation pénale. Dans la perception du citoyen ordinaire, les avocats sont appréhendés comme des soldats dont la vocation première est de garantir à leur profit le respect de l’État de droit et des libertés fondamentales. Une fois un avocat placé à côté de son client, ce dernier est envahi naturellement de l’immense espoir que ses droits seront protégés. Nous devons garantir et préserver ce sentiment de sécurité, c’est notre fonds de commerce. Individuellement et collectivement, les avocats doivent participer aux grands débats avec les pouvoirs publics, lorsqu’il s’agit de questions relatives: au droit, à l’administration de la justice, – à la protection et à la promotion des droits fondamentaux. » A-t-il affirmé avec force. Les propos de Me Diop ont résonné particulièrement dans un contexte où les défis pour les avocats, comme pour les magistrats, se multiplient.
Le Premier ministre Amadou Oury Bah, dans son intervention, a réitéré l’engagement du gouvernement à doter les acteurs de la justice des moyens nécessaires pour remplir leur mission. Il a également souligné les dilemmes auxquels font face les États dans un monde marqué par des défis sécuritaires et des mutations sociales et technologiques.
« En tant que Premier ministre, je tiens à réaffirmer ici l’engagement inébranlable du gouvernement en faveur de l’état de droit… La justice forte que lorsque ses acteurs magistrats, avocats, greffiers disposent des moyens nécessaires pour exercer pleinement leurs missions. Nous œuvrons et nous allons continuer à le faire. »
Cette rentrée solennelle a été l’occasion de rappeler la nécessité pour tous les acteurs de la justice, avocats comme magistrats, de conjuguer leurs efforts pour garantir un État de droit solide. Le discours du bâtonnier a mis en lumière les responsabilités, mais aussi les défis inhérents à la profession d’avocat, véritable pilier de la justice. Dans un monde où les incertitudes sont nombreuses, la défense des droits fondamentaux reste une boussole incontournable pour bâtir une société stable, juste et équitable.
La cérémonie a été marquée par un vibrant hommage au professeur Issack Yacouba Ndiaye, reconnu pour son immense contribution à l’évolution du droit en Guinée.
Elle s’est achevée sur une note festive avec les performances mémorables du célèbre orchestre Bembeya Jazz National et International, dirigé par Sékou Diabaté, alias « Diamond Finger ».
Par Rama Fils, pour lerenifleur224.com