Récemment, nous avons eu l’opportunité de rencontrer Me Camara Kandet Oumar, président de la Chambre des notaires de Guinée, dans son bureau de Kaloum, Almamy. Cette entrevue a permis d’aborder ses récentes missions à l’étranger et l’évolution de la pratique du notariat en Guinée, une profession encore peu connue du grand public.
Promouvoir le rôle du notaire en Guinée
Avec un désir ardent de vulgariser le rôle essentiel du notaire, Me Camara nous a expliqué que la profession contribue à sécuriser les transactions juridiques dans plusieurs domaines. “Le notaire intervient en matière de famille, de gestion immobilière et de création de sociétés, tout cela à travers des actes authentiques, reconnus pour leur valeur légale,” a-t-il précisé.
En tant qu’officiers ministériels, les notaires en Guinée suivent un parcours exigeant, impliquant des études de droit, un stage de quatre ans, et un examen final sous la supervision du ministère de la Justice.
Les enjeux de l’urbanisme durable et de la numérisation en notariat
De retour de missions en France et au Maroc, Me Camara a partagé les enseignements acquis. À Bordeaux, lui et sa délégation ont participé au congrès des notaires de France, où le thème central portait sur “l’urbanisme durable et les défis environnementaux.” La Guinée, à travers le projet de modernisation initié par le Président de la République, vise à prendre en compte ces défis dans les projets de construction, intégrant la dimension environnementale.
Au Maroc, le 33e congrès des notaires d’Afrique a abordé le thème de la transition numérique. “Le Maroc est en avance dans la dématérialisation des actes. Nous avons signé un partenariat avec leur Ordre des notaires pour profiter de leur expérience et de leur technologie,” a-t-il ajouté, soulignant que la Guinée aussi progresse vers la numérisation, notamment dans la gestion des titres fonciers.
Un rôle clé pour sécuriser les transactions et combattre les fraudes
Me Camara regrette que le notariat ne soit pas aussi connu que d’autres professions juridiques en Guinée, une situation qu’il espère changer. “Il est crucial de sensibiliser les citoyens sur la nécessité de passer par un notaire pour des transactions immobilières. Nous évitons ainsi de nombreux contentieux fonciers qui encombrent nos tribunaux,” a-t-il déclaré.
La Chambre des notaires de Guinée s’efforce également de lutter contre le blanchiment d’argent dans les transactions immobilières. Le notaire dispose d’outils pour vérifier l’origine des fonds, un rôle essentiel dans un contexte où l’immobilier est parfois utilisé pour blanchir de l’argent.
Former les forces de l’ordre à la gestion des actes notariés
En collaboration avec le haut commandement de la gendarmerie, la Chambre des notaires participe à la formation des officiers de police judiciaire pour qu’ils puissent traiter les actes notariés. Selon Me Camara, ce projet a été initié par le Général Balla Samoura, visant à former des gendarmes capables de gérer les dossiers impliquant des actes authentiques.
Vers une meilleure régulation du foncier en Guinée
Pour Me Camara, il est urgent de réformer le code foncier et domanial guinéen, en vigueur depuis 1992, afin de mieux encadrer les transactions immobilières. “Si toutes les transactions passaient par un notaire, cela réduirait grandement les conflits fonciers,” a-t-il conclu.
Me Camara Kandet Oumar œuvre donc pour moderniser le notariat guinéen et souhaite que les citoyens prennent conscience de son rôle, pour une meilleure sécurisation des transactions dans le pays.
Par Rama Fils, pour lerenifleur224.com