Célébration de l’an 66 du “Non” historique: Mon Général votre Discours doit être axé sur le respect de vos engagements (Par Abdoulaye Kaback Camara)
En cette année 2024, la Guinée célèbre le 66e anniversaire de son indépendance, un moment historique qui aurait dû marquer la continuité d’une souveraineté assumée, d’une nation épanouie, et d’un peuple maître de son destin. Cependant, les défis auxquels nous sommes confrontés sont colossaux, et l’heure est venue de réexaminer la trajectoire sur laquelle se trouve notre pays. Mon Général, votre discours à l’occasion de cette commémoration doit impérativement être porteur d’un engagement ferme, celui du respect des promesses que vous avez faites au peuple guinéen, promesses qui résonnent encore comme un souffle d’espoir pour une société en quête de justice, de développement, et de stabilité.
Depuis la prise de pouvoir par le CNRD en 2021, la Guinée est entrée dans une phase de transition politique délicate. Promettant une nouvelle ère de réformes, vous aviez, Mon Général, suscité un espoir légitime auprès d’une population lassée par des décennies d’instabilité politique, de mauvaise gouvernance, et de marginalisation socio-économique. Trois ans après, où en sommes-nous réellement ? Les institutions qui devaient être refondées pour garantir un système démocratique solide sont-elles à la hauteur des attentes du peuple ? Qu’en est-il des promesses de justice sociale, de respect des droits de l’Homme, et de gouvernance transparente ?
Le respect de vos engagements est crucial à ce tournant décisif. La population guinéenne, dans toute sa diversité, exige désormais des réponses tangibles. C’est une question de crédibilité. Nous ne saurions tolérer que les sacrifices consentis au nom de la démocratie se transforment, encore une fois, en désillusions.
La refondation promise passe nécessairement par des réformes structurelles et institutionnelles. Pourtant, certains chantiers majeurs sont encore au point mort, laissant la société guinéenne dans un état de méfiance généralisée. La réforme du secteur sécuritaire, qui devrait garantir la neutralité et la professionnalisation de nos forces armées et de sécurité, reste à parfaire. Il est impératif de s’assurer que ces réformes ne soient pas détournées pour servir des intérêts particuliers, mais qu’elles soient conçues pour renforcer la confiance entre l’État et ses citoyens.
Mon Général, la Guinée attend de vous une volonté politique forte et courageuse, capable de dépasser les calculs électoralistes et les pressions extérieures pour conduire le pays vers une démocratie durable. Votre engagement dans ce sens ne peut plus être différé. Les Guinéens veulent des actions, pas des promesses vaines.
La jeunesse guinéenne, qui constitue la majorité de la population, continue de faire face à un chômage chronique et à une marginalisation croissante. En dépit des ressources naturelles abondantes dont dispose le pays, la mauvaise gestion des richesses, la corruption systémique, et l’absence de véritables politiques d’insertion socio-économique plombent les perspectives d’avenir de cette génération. Si rien n’est fait rapidement pour remédier à cette situation, nous courons le risque de voir cette jeunesse se détourner des processus démocratiques et céder à la tentation de l’exil ou de l’activisme radical.
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Le développement économique ne saurait attendre plus longtemps. Il est temps de diversifier les sources de revenus et d’encourager l’entrepreneuriat, tout en favorisant un environnement des affaires plus attractif. C’est un devoir vis-à-vis de cette jeunesse, mais aussi une opportunité pour redresser notre économie.
En cette année charnière, la Guinée ne doit pas manquer son rendez-vous avec l’histoire. Ce tournant, vous devez le marquer par des actes forts et symboliques, en respectant vos engagements. Un énième discours rempli de promesses ne suffira plus à apaiser les cœurs ni à dissiper les doutes. Le peuple veut des résultats concrets : la tenue d’élections transparentes, la mise en place de réformes audacieuses, et des réponses rapides aux aspirations économiques et sociales.
Mon Général, l’histoire vous observe. Ce 66e anniversaire de notre indépendance doit être un tournant décisif. Vous avez le pouvoir de restaurer la confiance et de redonner espoir à une nation en quête de stabilité. Le peuple attend, non plus des mots, mais des actes qui concrétisent la promesse d’une Guinée meilleure.
Abdoulaye Kaback Camara, journaliste