Longtemps resté dans l’ornière, le secteur cinématographique guinéen semble être révolutionné à travers le projet Sabou Tech. Ce vendredi 27 septembre 2024, une cérémonie de projection de huit films (courts-métrages) a eu lieu au Centre Culturel Franco Guinéen. Une cérémonie qui a connu la présence des ministres de la culture, du tourisme et de l’artisanat, celui de la pêche et de l’économie maritime mais aussi de l’enseignement technique et la formation professionnelle.
C’est une initiative du projet Sabou Ciné Talents, avec pour thème : ‘’Des talents guinéens, des récits universels’’. Face aux journalistes, Abdoulaye Diogo Barry, Directeur Général de Sabou Tech a fait savoir que la gestion du projet Sabou Ciné Talents, n’a pas été du tout facile.
« On a commencé le projet sans avoir toutes les cartes en main. On a eu des gestions de difficultés avec la tentation de passer à la facilité. Mais on est enfin arrivé aujourd’hui. Il est certain que sans l’aide et le soutien de tout le monde, on n’aurait jamais pu y arriver. On est fiers de tout ce qu’on a fait. C’est vrai que c’est un début, mais l’objectif est atteint, dans la mesure où on a montré, qu’on peut faire un film de qualité internationale de bout en bout, ici en Guinée. C’est déjà un bon début, tout le monde est content, et c’est ça le plus important. Côté économique, on est à environ 70 millions d’euros de matériels. La prochaine fois, on va encore aller en profondeur dans les scénarios. C’était un concours. Il y avait des gens qui ont postulé, après nous on a fait le choix, sur la base des histoires racontées, comme on avait besoin de 8 films, » a-t-il expliqué.
Parmi les films projetés, il y avait : Les Écumes du bonheur; Woniléagui; BADDJO AN ON; Ton mari, c’est ton dieu, Farenghia; Regardez le Soleil; La Couleur de l’Esprit et TDA 7294. Tous réalisés par des jeunes guinéens. Thierno Souleymane Diallo, coordinateur du projet
« Lorsqu’on m’a contacté pour coordonner ce projet, j’ai dit que c’est une bonne opportunité pour ces jeunes, de leur donner ce que nous on n’a pas eu. J’ai constaté les professionnels, qui sont sur le terrain, et qui ne sont que des femmes, qui ont un parcours. Donc nous, ce qu’on a pu faire, c’est de les accompagner à faire un travail d’équipe. C’est l’aboutissement de ce boulot. Vous avez huit films, et sur ces huit films, on n’a donné aucune idée à aucun d’eux. Ils ont tous été sélectionnés à partir des films qu’ils portaient. Le commun de ces films, est qu’ils ont tous le regard sur le quotidien du guinéen. C’est plus qu’une réussite. On a fait que 9 mois de formation, on vous présente 8 courts métrages produits par des jeunes guinéens, réalisés par des jeunes guinéens, montage et autres. C’est du jamais vu dans ce pays, de 1958 à nos jours », s’est réjoui le coordinateur du projet.
Présent à cette cérémonie avec ses collègues du gouvernement, le ministre de la culture, du tourisme et de l’artisanat a tenu à mettre un accent particulier sur ce secteur qui semblait être moins considéré.
« Il s’agissait pour moi de fixer un peu le cap, au sujet d’un secteur qui, au fil des années considéré comme étant dans le sous-secteur de la culture, comme étant le ventre mou de la culture guinéenne. Je veux parler du cinéma. Pour un pays qui a été pionnier dans le secteur cinématographique. Il faut que le cinéma guinéen se réveille. On a fait notre constat. A partir de ce constat, prendre des mesures qui puissent permettre de redonner cet espoir. J’ai rencontré pleins de jeunes passionnés du 7ème art guinéen, qui en dépit de toutes ces difficultés de travail pour agir, et au nom de tous ces efforts, de toutes ces passions qui continuent d’être entretenus, nous avons lutté pour d’abord faire des réformes au niveau du cadre légal et juridique, afin que le secteur soit le mieux connu. C’est pourquoi nous aurons un fond de développement du secteur cinématographique. Il faut faire comprendre aux décideurs que lorsqu’il faut aider le cinéma, il faut l’aider en pensant au pays. Parce qu’il s’agit du reflet que nous voulons envoyer à l’humanité. Le reflet que la Guinée souhaite donner d’elle-même, quel type de société nous aimerions mettre en avant. Et quand il s’agit de ces genres de valeurs, on ne parle pas de prix. Donc après la lutte pour que cette loi sur le financement de l’industrie cinématographique passe, c’est encore dans les circuits, mais sur de très bonnes voies, et ça va se faire. Il y a le recensement que nous avons repris de l’ensemble des salles de cinéma, que le premier régime nous avait légué. Nous nous sommes battus pour ramener ce domaine dans le portefeuille du ministère de la culture », a martelé Moussa Moïse Sylla.
A voir la qualité des images projetées lors de cette cérémonie, on peut clairement affirmer que la Guinée pourrait occuper une place très importante dans le domaine de la cinématographie si seulement on mettait tous les moyens.
Mimi Bangoura, pour lerenifleur224.com