Disparition forcée de Foniké mangué et Billo Bah : les avocats français des deux activistes demandent l’implication de la CEDEAO (Copie)

Nous avons l’honneur de vous écrire en qualité de Conseils du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC).

Le 9 juillet 2024, selon la belle-sœur du coordinateur national du FNDC Oumar SYLLA et les témoignages recueillis, un contingent d’éléments mixte des Forces Spéciales (FS) et du Groupement d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN) ont pris d’assaut le domicile de Monsieur Foniké MENGUE avec un déchaînement de violence inouï. Présents lors de cet assaut, Messieurs Foniké MENGUE et Billo BAH y ont été interpellés par les forces gouvernementales.

Pourtant, à notre plus grande stupéfaction, le parquet général près la cour d’appel de Conakry soutient dans un communiqué qu’aucun organe d’enquête n’a procédé à aucune interpellation 1. Cette situation est gravissime car cela signifie qu’il est pour l’heure impossible d’avoir des nouvelles des personnes arrêtées.

Il est peu dire que la lecture de ce communiqué a glacé le sang de ceux que nous défendons depuis maintenant plusieurs années car il vient renforcer les inquiétudes très légitimes des familles.

Nous déplorons plus généralement ces disparitions à la lumière des multiples alertes déjà exprimées par le passé.

Il ne fait aucun doute que ces arrestations sont directement en lien avec les activités politiques et opinions de Messieurs Foniké MENGUE et Billo BAH.Ces disparitions s’inscrivent dans le cadre de violations très graves aux droits de l’Homme en Guinée.

Nous vous rappelons notamment que :

– Selon l’organisation Amnesty International, la répression des manifestations en Guinée a fait au moins 47 morts2;

– Selon les récents travaux de l’ACAT, « l’usage de la force létale par les agents d’application des lois fait rarement l’objet de réelles enquêtes et les auteurs de tirs mortels illégaux ne répondent quasiment jamais de leurs actes devant la justice guinéenne faute de volonté politique. Cela doit changer. »

Il résulte d’une communication de la FIDH que :

« L’Observatoire rappelle que ce n’est pas la première fois que Mamadou Billa Bah et Oumar Sylla sont visés par les autorités guinéennes pour leurs activités légitimes de défense des droits humains. Oumar Sylla avait déjà été arbitrairement arrêté le 5 juillet 2022, puis relaxé le 8 juillet 2022. Il a de nouveau été arbitrairement arrêté le 30 juillet 2022, avant d’être libéré le 10 mai 2023, puis acquitté le 13 juin 2023. Mamadou Billo Bah a quant à lui été arrêté le 21 janvier 2023 puis libéré le 10 mai 2023. D’autres membres du FNDC et de TLP, tels Ibrahima Diallo ou Djanii Alpha, font régulièrement l’objet de détentions arbitraires et de harcèlement de la part des autorités.

L’Observatoire condamne fermement la disparition forcée de Mamadou Billo Bah et Oumar Sylla, qui ne semble viser qu’à entraver leurs activités légitimes de défense des droits humains.

L’Observatoire exhorte les autorités guinéennes à révéler immédiatement le sort de Mamadou Billo Bah et Oumar Sylla et l’endroit où ils se trouvent, à leur octroyer un accès immédiat et Inconditionnel à leurs avocats et à des soins médicaux, et à leur permettre de recevoir la visite de leurs familles. »

Le 30 aout 2024, un certain nombre d’organisations non gouvernementales ont exigé la libération de Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah en ces termes : Les autorités guinéennes doivent immédiatement diligenter une enquête impartiale, indépendante et transparente sur les disparitions forcées des militants de la société civile

Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah dont on est sans nouvelles depuis plus de sept semaines, ont déclaré Amnesty International et 17 organisations guinéennes de défense des droits humains à l’occasion de la Journée internationale des victimes de disparition forcée.

Si nous vous écrivons aujourd’hui, c’est pour vous faire part de notre sidération face à l’absence de réaction forte de la CEDEAO à la suite à la disparition de deux membres du FNDC, Messieurs

Foniké MENGUE et Billo BAH, le 9 juillet dernier. Nous ne comprenons pas ce silence. Il nous interpelle au plus haut point.

Il est indispensable qu’une telle réaction ait lieu. Le rôle de votre organisation est central pour peser sur les autorités guinéennes afin de mettre un terme à cette situation bafouant les droits les plus élémentaires. Il en va également du crédit attaché à votre institution dont nous savons l’importance et de ce qu’elle représente pour les populations civiles. Nous le savons, cette influence a déjà été entachée par le récent départ du Niger, du Mali et du Burkina Faso. Cette affaire offre par conséquent l’occasion de démontrer la persistance des engagements de la CEDEAO dans l’accompagnement des populations des pays membres.

Personne ne peut plus faire semblant de l’absence de réelle volonté des autorités guinéennes de mener des investigations sur la disparition des activistes, précisément en raison de tous les éléments qui les accablent lourdement. C’est de la responsabilité de la CEDEAO, qui occupe un rôle de médiation déterminant, d’agir auprès de la junte. Il est au surplus évident qu’aucune perspective crédible de transition démocratique ne peut exister au regard de la situation totalement dégradée en Guinée. La disparition des deux activistes est symptomatique des attaques à l’endroit de la partie civile pour intimider toute force d’opposition.

Il est impossible de rester témoin de la stratégie consistant à faire se prolonger indéfiniment cette situation, dans l’espoir que les soutiens se démobilisent. C’est une stratégie connue. Elle est érodée. Votre responsabilité est aussi d’empêcher que la disparition des deux activistes  tombe dans l’oubli, compte tenu des procédés mis en œuvre par les autorités pour ensevelir cette affaire.

Nous demandons à ce que Messieurs Foniké MENGUE et Mamadou BILLO BAH, prisonniers Politiques, soient mis en liberté de toute urgence. Nous vous demandons solennellement d’œuvrer en ce sens.

Nous vous demandons d’intervenir afin que des investigations interviennent mais également que des sanctions soient prises sans délai.

Nous vous prions de bien vouloir agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre haute considération.

 

 

 

 

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