Alerte : Les dérives ‘’dictatoriales’’ des autorités de la Transition en Guinée (Par Lanciné Sacko)

Objet : Alerte sur « les dérives dictatoriales » des autorités de la Transition en Guinée ; de leur injustice contre les militants des partis RPG ARC-EN-CIEL, UFDG, et ceux de la Société Civile, activistes pour le retour à l’ordre constitutionnel.

 

Monsieur le Secrétaire Général des Nations-Unies,

Monsieur le Représentant de l’Union Européenne,

Monsieur le Président de l’Union Africaine,

Monsieur le Président de la CEDEAO,

Mesdames et Messieurs les Représentants des Institutions Internationales,

Monsieur le Représentant du Haut-Commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme en Guinée,

Madame la Représentante de l’Union Européenne en Guinée,

Madame la Représentante du Corps-Diplomatique et Consulaire en Guinée

Depuis plus de deux ans, bientôt trois ans le 05 septembre prochain, les autorités de la Transition en Guinée règnent avec une main de fer dans une opiniâtreté absolue. Il vous souviendra que des promesses ont été tenues au lendemain du putsch qui a renversé le Professeur Alpha Condé.

Au rang de ces promesses, le retour à l’ordre constitutionnel, faire de la justice la boussole et éviter de commettre les erreurs du passé. Ce sont les mots de l’actuel Président de la Transition lors d’une interview avec le célèbre journaliste Alain Foca.

Suite à ma lettre du 20 Novembre qui égrainait le chapelet des actes d’injustice posés par le CNRD et son Gouvernement, je viens par cette présente vous faire un descriptif lucide de ce qui se passe en Guinée dont les médias d’Etat n’osent pas parler.

En effet, après plusieurs tentatives de faire un dialogue inclusif avec les politiques, la montagne a accouché d’une souris, étant donné que les conclusions du rapport du dit dialogue n’ont jamais fait l’unanimité et les facilitatrices ont fini par démissionner pour avoir compris le refus de la junte de matérialiser son contenu. Je rappelle que cela a été rendu public le 21 décembre 2022 de manière solennelle et qu’à date certains partis politiques qui avaient pris part notent sa non implémentation sur le terrain. Autrement dit les conclusions ne servent à rien, puisque le CNRD déroule un programme qui est tout autre.

Alors que les anciens dignitaires croupissent en prison et se butent contre des interminables procès qui n’arrivent pas à produire des preuves, le chef de la Transition en Guinée, s’est fendu d’un discours qui a décliné le programme du CNRD à la tribune des Nations Unies en marge de la 78ème Assemblée Générale en septembre 2023. Trois axes ont été cités : le Social, l’Economique et le Politique ; seule décision du CNRD unilatéralement.

 

La vérité est que :

  • Le social s’abîme, puisque la population manque d’électricité, d’eau, et les prix sur le marché flambent sans cesse. Des manifestations sociales (réprimées avec des cas de morts, très souvent) pour raison de délestage sont légion depuis plus d’un an. La psychose gagne du terrain, les Incendies deviennent récurrents avec leur lot de désolation ; on assiste au kidnapping des citoyens par une milice lourdement armée qui opère en diurne comme en nocturne. Toute voix contestataire est aussitôt réduite au silence. Des assassinats commandités se multiplient au sein même des Forces Armées Guinéennes, le cas du Général Sadiba Coulibaly (ancien N0 2 du CNRD) en est une illustration.
  • Sur le plan économique, je vous informe que les capacités institutionnelles sont faibles, l’IDH s’amenuise encore depuis 2021, les emplois sont perdus, le secteur informel peine à se remettre du manque d’électricité, les entreprises sont donc mises aux arrêts.

Trois entreprises de presse (pas les moindres) ont été fermées et leurs employés mis au chômage. Pire, la Banque Centrale régule très mal les banques primaires aux risques d’engendrer une crise économique qui pourrait affecter les ménages en réduisant drastiquement le pouvoir d’achat du guinéen.

A cette mauvaise régulation, j’ajoute les faits de corruption avérés et entretenus par le CNRD et son Gouvernement.

Dans ce même registre, plusieurs observations s’accordent à dire que des milliards de francs guinéens sont décaissés pour entretenir le Groupement des Forces spéciales (GFS) au détriment de la plus grande partie des Forces Armées Guinéennes.

Le Doing Business se porte mal eu égard à l’environnement juridique et sécuritaire pour les investissements. Au-delà des chiffres que certaines agences de notations pourraient montrer, la réalité en Guinée est toute autre.

La censure de l’Internet entre novembre 2023 et février 2024, a accentué davantage le climat délétère dans lequel végétaient les populations de Guinée.

Selon la plateforme Britannique Top10VPN, les répercussions de cette censure se chiffrent à 47,4 millions de dollars pour la période de 2023. L’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT) a fait cette opération de censure et elle a démantelé les installations de certains médias indépendants sans aucune raison légale.

La Cour de Répression des Infractions Economiques et Financières (CRIEF) excelle aujourd’hui dans des procès (sans preuve) ciblés à l’endroit des cadres qui ont servi le Professeur Alpha Condé. Elle est plus dans la une justice sélective à la solde des putschistes.

  • Sur le plan Politique,

J’attire votre attention sur le fait que le parti RPG ARC-EN-CIEL est sous une chape de plomb. Ces moindres faits et gestes sont scrutés. Ces militants continuent à être l’objet de menace de la part des Autorités de la Transition. Il en serait de même pour les autres partis politiques ténors dont les leaders sont encore en exil.

Le Premier Ministre Amadou Oury Bah a déclaré en mars 2024 que les élections ne pourront pas se tenir en 2024 et le 05 juillet de la même année, le Porte-parole du Gouvernement Ousmane Gaoual Diallo a renchéri cette position en précisant que la tenue des élections n’est pas une fin en soi, qu’ils priorisent le contenu de la transition à sa durée.

Mesdames et Messieurs, cette décision aussi unilatérale qu’impopulaire nous a laissé dans une illisibilité inconfortable sur le chronogramme de la Transition. Cette obstination des autorités de la Transition a amené les Forces Vives à déclarer qu’elle ne reconnaitra plus le CNRD au-delà du 31 Décembre 2024. Je rappelle qu’un tel statuquo augure des lendemains incertains et très agités, que la communauté internationale en soit sérieusement informe.

Le RAVEC et la Constitution qui doivent servir de base pour les futures élections, sont à un niveau d’exécution dont on n’a aucune lisibilité en tant qu’acteur politique. Le CNRD torpille le chronogramme à sa guise, avec le seul desiderata de s’éterniser au pouvoir. Des dérives notoires étoffent aujourd’hui la Gouvernance militaro-civile que représente le CNRD.

Si l’on s’en tient donc à l’axe de sa démarche comme annoncée à l’ONU, aucun paramètre ne semble être maîtrisé aujourd’hui et cela pourrait devenir un cocktail social qui pourrait échapper au contrôle.

Je tiens à faire mention spéciale de la Presse, de la Justice, du Groupement des Forces Spéciales et du Haut-Commandement de la Gendarmerie Nationale, pour que vous en preniez conscience avec insistance de ma part.

Pour ce qui est de la liberté de la presse, le bilan reste peu reluisant ces deux dernières années. Cela fait deux mois exactement depuis que les agréments de diffusion radio-télévision ont été retirés aux médias les plus populaires parce que ces derniers révèlent les scandales financiers qui épinglent la Junte militaire et ses acolytes. Ceux-ci avaient enfin compris la supercherie vendue au peuple depuis le 05 septembre 2021, mais dont la mise en place demandait de la perfidie bien huilée.  Ces Médias ont longtemps été brouillés de la manière la plus soviétique qui soit, avant d’être définitivement fermés et laissés à la merci de l’extinction.

Parlant de la Junte militaire à travers le Groupement des Forces Spéciales et d’une autre entité du Haut Commandement de la Gendarmerie Nationale, je porte à votre connaissance que de nombreux blindés ont été achetés dans le seul but de réprimer d’éventuelles manifestations. Ces deux entités qui ne représentent pas nos Forces Armées sont responsables des enlèvements enregistrés ces derniers temps. Ils répondent directement de la Présidence et ils répandent chaos et désolation sur leur passage. Les cas de feu Général Sadiba Coulibaly en fin juin ; Oumar Sylla (Foniké Menguè) et Billo Bah du FNDC en Juillet 2024 sont de tristes illustrations des dérives liberticides du CNRD.

Toutes ces atteintes et violations des droits fondamentaux se font sous l’œil d’une justice qui ne sait que prêcher dans le désert puisqu’aucune de ses réclamations n’a obtenu jusque-là une suite favorable. L’Ordre des Avocats a récemment demandé en vain, une enquête indépendante pour faire la lumière sur la mort du Général Sadiba Coulibaly avant qu’il ne soit inhume.

Le Tribunal militaire dirigé par le Haut Commandant de la Gendarmerie Nationale tient des procès avec plusieurs vices de procédures tant sur la forme que sur le fond. Les lieux de détention secrète se multiplient à la même Vitesse que des intimidations.

La Justice est donc caporalisée alors qu’on a promis qu’elle sera la Boussole de cette Transition.

Mesdames et Messieurs, la situation est plus qu’alarmante contrairement à ce que les Autorités vous font croire depuis Conakry ou lors des rencontres internationales. Je vous prie de bien considérer nos signaux pour une anticipation dans la quête des solutions idoines pour le peuple de Guinée et pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel.

 

 

 

   Par Lanciné Sacko