L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a réuni mercredi 14 août son comité d’urgence à Genève face à la propagation du mpox en Afrique, également connue en tant que variole du singe. L’organisation onusienne a déclenché son plus haut niveau d’alerte sanitaire au niveau international. La veille, l’agence de santé de l’Union africaine, Africa CDC, avait déclaré « une urgence de santé publique ». L’épidémie actuelle, partie de la RDC et pour l’heure circonscrite en Afrique
« Aujourd’hui, le comité d’urgence s’est réuni et m’a fait savoir qu’à son avis, la situation constitue une urgence de santé publique de portée internationale. J’ai accepté cet avis », a déclaré lors d’une conférence de presse le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Seul le chef de l’OMS peut lancer l’urgence de santé publique de portée internationale, sur les conseils d’un comité ad hoc d’experts. Les 15 membres de ce comité ayant participé à la réunion « ont tous » estimé que les critères étaient réunis pour déclarer une urgence de santé publique internationale, a affirmé aux journalistes le président du groupe d’experts, Dimie Ogoina.
« L’apparition l’an dernier du clade 1b et sa rapide propagation en RDC (République démocratique du Congo), qui semble se propager principalement par le biais des réseaux sexuels, et sa détection dans les pays voisins de la RDC, sont particulièrement préoccupantes et constituent l’une des principales raisons pour lesquelles j’ai décidé de convoquer ce comité d’urgence », a déclaré le chef de l’OMS à l’ouverture de la réunion. « Mais nous ne faisons pas face à une seule épidémie et à un seul clade. Nous faisons face à plusieurs épidémies avec différents clades dans différents pays, avec différents modes de transmission et différents niveaux de risque », a-t-il poursuivi.
Déjà déclenché en 2022 pour le mpox
L’OMS avait déjà déclenché son niveau d’alerte maximal en 2022, quand le virus s’était étendu à une centaine de pays, avant de le lever l’année suivante.
Plusieurs éléments ont motivé cette décision : la forte diffusion du virus dans l’est de la République Démocratique du Congo, où une nouvelle souche plus agressive que la précédente a été détectée en septembre 2023. 14 000 cas ont été recensés dans le pays depuis le début de l’année, un record depuis l’apparition de la maladie dans les années 1970. Aujourd’hui, le Nord-Kivu y est particulièrement exposé, selon le Docteur Jean Kaseya, directeur général de l’Africa CDC, notamment à cause des déplacements de population provoqués par le conflit entre l’armée congolaise et le groupe du M23 soutenu par le Rwanda.
Autre élément : la détection en juillet de cette nouvelle souche dans plusieurs pays voisins de la RDC – Ouganda, Burundi ou encore Rwanda – qui n’avaient jamais enregistré de cas jusqu’à présent.
« Le potentiel de diffusion en Afrique et au-delà est très inquiétant », a déclaré le directeur général de l’OMS, qui a pointé l’existence de plusieurs épidémies, avec des variants et des modes de transmission différents à travers le continent africain.
Le déclenchement du plus haut niveau d’alerte doit permettre d’accélérer la recherche et de mobiliser de nouveaux financements pour stopper l’épidémie.
Un total de 38 465 cas de cette maladie, anciennement connue sous le nom de variole du singe, ont été recensés dans 16 pays africains depuis janvier 2022, pour 1 456 décès, avec notamment une augmentation de 160% des cas en 2024 comparé à l’année précédente, selon des données publiées la semaine dernière par l’agence de santé Africa CDC.
Pour endiguer l’épidémie, le meilleur outil est le vaccin. Les pays occidentaux en ont bénéficié en 2022, mais l’Afrique n’en a jamais reçu. 10 millions de doses sont nécessaires pour le continent, alors que seules 200 000 sont disponibles dans l’immédiat : une couverture vaccinale complète coûte pas moins de 3 milliards de dollars.
« Commencer à produire nos propres vaccins est un combat du siècle », estime le Docteur Jean Kaseya, afin d’accéder, dit-il à « la deuxième indépendance de l’Afrique ».
Avec rfi