Dissolution du Gouvernement Goumou : Quelle est la nouvelle composition du gouvernement que nous voulons et qu’attendons-nous d’eux ? (Par Mamadou Rafiou DIALLO)
- Le lundi 19 février courant, le président de la Transition, Président de la République GENERAL MAMADI DOUMBOUYA a dissout le Gouvernement dirigé par Dr BERNARD GOUMOU. Depuis cette action, les commentaires viennent de partout sur les raisons de cette décision du président de la Transition. Si cela représente pour certains comme une surprise, pour la plus part des analystes socio-politique, au vue des indices, cela était prévisible.
Il faut rappeler qu’il est du pouvoir discrétionnaire du président de la Transition de nommer et de démettre le premier ministre et les membres de son gouvernement. Un pouvoir légitime que lui confère la charte de la Transition qui tient lieu de CONSTITUTION actuellement en République de Guinée. Les dispositions des Articles 50 et 53 de la Charte de la Transition sont claires la dessus.
Il faut rappeler que depuis la prise du pouvoir par la junte le 5 septembre 2021, nous avons connu 2 premiers ministres : M.Mohamed BEAVOGUI (du 6 octobre 2021 au 16 juillet 2022) et Dr BERNARD GOUMOU (du 16 juillet 2022 au 19 février 2024).
Aujourd’hui, beaucoup de personnes se posent des questions à savoir quelles sont les raisons qui ont motivé la dissolution du Gouvernement GOUMOU ?
Même si le président de la Transition dans son décret n’a pas évoqué les raisons du renvoi de ce gouvernement, il faut noter que la situation socio-politique et économique en Guinée s’est détériorée ces derniers moments. Le Guinéen vit dans une situation precaire et tous les secteurs d’activités sont en panne et rien ne marche pratiquement.
Notre société est confrontée à plusieurs situations de crises dont certaines seraient même entretenues par le gouvernement.
Parmi ces problèmes et les limites du gouvernement, sans être exhaustif, nous pouvons citer :
– la limitation des libertés fondamentales : entraves à la liberté d’expression par le brouillage des fréquences de certaines radios privées et les restrictions d’accès à l’Internet,
– le manque de leadership du premier ministre,
– incapacité à faire face aux besoins fondamentaux de la population : manque criard d’eau, de courant qui est devenu une ressource de plus en plus rare pour la population,
– la cherté de la vie et la dévaluation du franc Guinéen par rapport aux devises étrangères,
– le chômage. Beaucoup de personnes mises en chômage technique suite à l’incendie qui a ravagé le plus grand dépôt pétrolier du pays,
– le manque de carburant (crises répétitives),
– le manque du dialogue entre les acteurs de la Transition,
– le retard dans la mise en œuvre du chronogramme de la Transition,
– l’incapacité du gouvernement à mettre en place un plan efficace de relance économique “post-incendie “. Depuis ce drame en décembre 2023, toutes les activités économiques sont au ralenti, même l’administration publique.
– perte d’espoir pour la plus part des citoyens qui avaient vu le Général DOUMBOUYA au lendemain du coup d’État du 5 septembre 2021 comme SOLUTIONS aux multiples problèmes dont ils souffrent.
Le président de la république, garant de la réussite de la Transition, au vu de tous ces maux, il est judicieux de redonner un nouveau souffle aux organes de la Transition – le gouvernement, pour la réussite de sa mission et pour le respect des engagements qu’il a pris par rapport cette Transition.
Maintenant, quelle est la nouvelle composition du gouvernement que nous voulons et qu’attendons-nous d’eux ?
Il est important aussi de rappeler que le gouvernement de la transition conduit et exécute la politique de la Nation définie par le Président de la Transition.
À cette phase où nous sommes, la Guinée a besoin d’un Gouvernement de mission, capable de réunir et de rassurer les Guinéens et la communauté internationale pour une transition plus inclusive et réussie.
À cette étape, est ce que l’agenda de la Transition préalablement définie est tenable?
La réussite de cette transition en général dépend de plusieurs facteurs: la volonté politique du CNRD, l’accompagnement des partenaires techniques et financiers, les acteurs politiques locaux, la société civile et autres. Il faut créer les conditions, mettre en place les moyens nécessaires et coordonner les actions.
Est ce qu’ils sont là pour résoudre tous les maux dont souffre la société Guinéenne ?
La réponse est NON. Il est important de s’atteler sur des actions fortes pour une sortie réussie de cette transition et de doter la Guinée des institutions fortes. Cela y va dans l’intérêt de tous.
Le CNRD a annoncé le gel des avoirs de ses anciens ministres et la restitution des documents de voyages ?
Ces mesures préventives sont prises afin d’éviter une éventuelle sortie du pays ou de soustraction de fonds sur les avoirs acquis pendant leur gouvernance. Il est vrai que cela est contraignant et de fois difficile à comprendre. Ceux parmi eux qui ne se reprochent de ne pas commettre des cas d’enrichissement illicites n’ont rien à craindre.
Comme les ministres du dernier gouvernement du professeur Alpha CONDÉ, il n’est pas exclus que ceux-ci aussi fassent l’objet d’ouverture d’enquêtes sur leurs avoirs. La promotion de la bonne gouvernance et lutte contre la corruption font partir des chantiers de cette transition.
N’oubliez pas que nous avons déjà la CRIEF (Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières) qui est créée où beaucoup d’anciens dirigeants sont épinglés pour des faits présumés de détournements de deniers publics, corruption, enrichissement illicites, blanchiment des capitaux et autres.
Il faudrait en Guinée que les gens qui souhaitent gérer la chose publique apprennent à respecter le principe d’obligation de déclaration du patrimoine privée. Cela est prévu par les textes de loi.
Mon Invite ?
Je termine en lançant un appel à tous les Guinéens de s’entendre sur l’essentiel et aux partenaires bi et multilatéraux d’accompagner de nous accompagner pour la réussite de cette transition.
CELA EST BIEN POSSIBLE
M.Mamadou Rafiou DIALLO
Economiste Financier, Consultant indépendant.