Ministère de la Justice : Un bilan au-delà de toutes les passions (Par Mohamed Lamine Sylla)

Le 05 septembre 2023 est l’occasion nette pour nous guinéens de dresser le bilan à mi-parcours de la transition, deux ans après son entame. Sans passion aucune il s’agit de se regarder en face et dire en toute objectivité ce qui a marché et aussi et surtout les défis qui s’imposent à nous à l’aune de notre responsabilité commune de sortir le pays de son bourbier d’antan.

Dans le présent travail nous nous intéresserons à un secteur névralgique de cette transition, la JUSTICE.

Ce serait une redondance pour nous de dire qu’à la prise du pouvoir du CNRD le 05 septembre 2021 le pays était dans une situation épouvantable en parlant du cas singulier de la justice. Mais il n’en demeure pas superflu pour nous de décrire en quelques mots le contexte qui était le nôtre en matière de justice et de droit de l’homme. Incarcérations extrajudiciaires, délais de garde-à-vue abusivement long, instrumentalisation de la justice à des fins politiques, corruption à outrance au nez et à la barbe de la justice, j’en passe, sont entre autres des maux qui gangrenaient notre justice et notre administration dans son ensemble.

Dès sa prise de pouvoir sous la houlette du colonel Mamadi Doumbouya, le CNRD a fait de la justice son cheval de bataille. En témoignent les grandes et nombreuses réformes entreprises dans ce domaine sous la direction de monsieur Alphonse Charles Wright. Construction et rénovation d’infrastructures, rajeunissement du personnel judiciaire, la mise en place et l’opérationnalisation d’une cour de répression des infractions économiques et financières, l’ouverture de certains dossiers réputés intouchables comme celui du 28 septembre 2009, sont autant de chantiers âprement engagés mais conduits avec brio par les nouvelles autorités.

Il faut insister pour dire que malgré le travail titanesque abattu par le pouvoir actuel, il reste cependant du chemin à parcourir. Les enjeux et défis étaient tellement gigantesques qu’il était impossible en si peu de temps (à moins de disposer d’une baguette magique) de pouvoir rétablir une pente quasiment brisée. Nous venons de loin et chacun de nous le sait dans son for intérieur.

Aujourd’hui il est compréhensible que l’on perde patience en demandant beaucoup trop aux autorités actuelles. Cela relève de l’ordre normal des choses étant donné que nous sommes un peuple longtemps désabusé et dont les espoirs ont souvent été déçus au grand dam de son bien-être. Mais ce qui en revanche est incompréhensible et qui est déplorable à plus d’un titre c’est malheureusement l’attitude injustifiée et injustifiable de certains compatriotes. Des attitudes de nature à plonger la justice guinéenne dans un torrent de boue rien que pour l’empêcher d’atteindre les rives de son indépendance, de son rayonnement.

Vous pouvez ne pas proposer de solutions (à votre place d’autres guinéens le feront sûrement) ; vous pouvez même émettre des critiques sur ce qui est en train d’être fait, cela ne dérangerait personne. Cependant, l’histoire et le peuple de Guinée ne tolérerons à aucun moment votre acharnement à mettre les bâtons dans les rouages de la transition en clouant au pilori les œuvres et la personne de l’actuel Garde des Sceaux, pourtant animé de très bonnes intentions. Plus qu’un ouf de soulagement, son arrivée à la tête du département de la justice et des droits de l’homme a marqué un tournant décisif dans l’histoire de la justice guinéenne. Jamais ministre dans le domaine n’a entreprit et déroulé autant de réformes. Sur l’autel de sa réputation et de sa carrière il s’est attaqué à des dossiers jugés intouchables. C’est une dynamique qui est en marche, qui ira jusqu’au bout et qui, de ce fait, requiert l’attention et l’accompagnement de chacun de nous.

Par ailleurs et dans la même lancée, le chef de l’Etat, le colonel Mamadi Doumbouya a mis un point d’honneur à l’indépendance de la justice. Et pour traduire cette noble ambition il compte sur la personne de monsieur Alphonse Charles Wright qui ne se laissera ni impressionner ni freiner par quelques agissements que ce soit. C’est une question de responsabilité vis-à-vis du peuple, une question d’honnêteté intellectuelle, une question tout simplement d’honneur et de dignité.



Mohamed Lamine Sylla, Journaliste éditorialiste

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