CRIEF : le Garde des Sceaux conforte les critiques et en rajoute une couche d’incertitude (Edito-Mognouma Cissé).

La CRIEF de nouveau au cœur des débats. Cette fois, ce n’est pas pour écouter les récriminations, non pas insensées, des accusés dans le vox, qui sont rendus inaudibles au nom du devoir de redévabilité qui n’était plus exigé d’un agent de service public en Guinée. C’est plutôt le sommet, la hiérarchie directe, intrépide, certes, mais qui refuse cependant de se fixer des limites, hélas ; qui semble, lui aussi, se lasser du fonctionnement de notre cour spéciale.

Cette voix, non seulement audible et absolument retentissante, est révélatrice d’une insatisfaction par rapport au travail déjà fait ainsi que pour les maigres résultats obtenus.

Comme l’a écrit Eric Dupond Moretti, le garde des sceaux français, ancien éminent avocat, dans son livre « Le dictionnaire de ma vie », un bon magistrat , c’est celui qui rend beaucoup de décisions.

A ce jour, sur les 111 dossiers pendants par devant cette cour, 85 ont été orientés en information et 11 décisions sont rendues.

Le ratio est bien trop faible. Mieux, les dossiers évacués sont pour la plupart des non lieux.

Mais tout cela doit être le cadet des préoccupations de charles Wrigth . Lui , qui a dû constater des choses bien plus préoccupantes dans le fonctionnement de la CRIEF, ce , contrairement au Président de la République qui a tressé des couronnes à cette cour spéciale , lors de son adresse à la nation, à l’occasion du nouvel an.

L’homme du palais Mohamed 05 a certainement dû se tromper en se livrant à cet exercice . Ou il a sciemment fait de polir le travail pour ne pas livrer sa chose, à lui, à la vindicte populaire. Une chose en laquelle il fonde un grand espoir et dont il ne ménage aucun effort, selon ses proches, pour son fonctionnement sans aucune interférence.

Pour revenir à Charles Wright et à sa visite qui fait date, ce jeudi 05 janvier, il a mis le pied dans la fourmilière. Confortant des critiques qui ont amené à douter et à s’interroger sur les démarches du parquet très spécial de cette juridiction dont le patron, lui aussi, en a rajouté une couche d’incertitudes en plaidant pour la qualification de leur niveau questionnable , cela, au terme de près d’une année d’existence. Pire, Aly Touré dont il s’agit a aussi plaidé pour la rallonge du délai légal de détention, en matière de crime financière. Quel mufle ! Quel aveu d’échec !

Encore une fois, une raison d’agir .

« L’avant-projet de la CRIEF est déjà terminé… vous serez accompagnés des techniciens ici, votre compétence va s’élargir sur des questions économiques, financières et fiscales » a promis le ministre. Un tantinet non satisfait, aussi restant droit dans ses bottes en ce qui concerne les reformes relatives à cette cour spéciale, Charles Wright, cette fois, sans barguigner, dégaine

« Il faut savoir cadrer vos objectifs, vous ne pouvez pas être sur tous les fronts » comme pour dire, qui embrasse trop étreint.

De ce qui précède, il faut vite agir pour empêcher le parquet spécial de continuer à tournoyer son épée dans tous les sens.

En réalité, la CRIEF n’a pas besoin que d’une reforme structurelle. Un chambardement est aussi nécessaire en vue d’insuffler une nouvelle dynamique à son fonctionnement. Car la seule satisfaction évidente dans la lutte contre la corruption, c’est la fin du sentiment d’impunité dans le pays, qui est le résultat de l’engagement non complaisant du Président de la lutte à livrer les fossoyeurs de notre économie , qui qu’il soit. Les exemples sont légion.

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