Conakry : le quartier Hérèmakonon assoiffé, les femmes réclament de l’eau (Constat)

S’approvisionner en eau est devenu un véritable casse-tête dans plusieurs quartiers de Conakry. À Hérèmakonon, un secteur de la commune de Matam, les robinets sont à sec depuis près d’un an. Pompes et puits n’ont plus qu’une valeur symbolique dans ce quartier où vivent des centaines de familles.

Un seul forage dessert toute la zone à des horaires limités, insuffisant pour répondre aux besoins de la population.

Bountouraby Yansané, une habitante du quartier, raconte son calvaire après 30 minutes d’attente pour remplir un simple seau

« Il y a huit mois que nous n’avons plus d’eau ici. Nous ne disposons que d’un seul forage. Nos enfants, qui sont en période d’examens, doivent parfois patienter de 18h à 23h pour remplir quelques bidons. Nous sommes obligées de traverser l’autoroute Fidèle Castro pour chercher de l’eau ailleurs. Et si nous, les femmes, décidons de protester, les chefs de quartier nous en dissuadent au nom de la paix sociale. Pourtant, nous souffrons énormément. »

À l’approche du Ramadan, l’inquiétude grandit. Adama Bangoura, une autre résidente, redoute une situation encore plus difficile pendant cette période

 « Nous allons bientôt atteindre un an sans eau courante. Avec le ramadan qui approche, je suis très préoccupée. Traverser l’autoroute pour aller chercher de l’eau devient un vrai danger. Le puits chez nous est presque à sec et l’eau qui en sort est rougeâtre, donc inutilisable pour cuisiner. Quant au forage, il est source de disputes quotidiennes entre les femmes. »

Yakha Soumah, installée à Hérèmakonon depuis plusieurs années, témoigne également de la détresse des habitants

 

 

« Pour avoir de l’eau à la maison, mes enfants et moi nous levons à 3h du matin chaque jour pour traverser la grande route Fidèle Castro. Nous demandons aux autorités d’agir : qu’elles installent d’autres forages ou qu’elles nous envoient des citernes d’eau quotidiennement. »

Face à cette crise persistante, Fatoumata Gassama, responsable des femmes du quartier, salue les efforts du chef de quartier, qui finance lui-même trois citernes d’eau pour aider les habitants. Mais elle en appelle aux autorités nationales pour une solution durable

« Cela fait dix mois que nous n’avons pas d’eau au robinet. Le chef de quartier fait ce qu’il peut, mais cela ne suffit pas. Nous avons besoin d’une intervention du gouvernement et du ministère de l’Hydraulique pour mettre fin à cette pénurie. »

Au-delà de la pénibilité du quotidien, cette crise de l’eau pose un sérieux problème de santé publique. L’absence d’accès à l’eau potable expose les habitants à des maladies hydriques et met en péril l’hygiène des familles. Les habitants de Hérèmakonon espèrent que leur cri d’alarme sera entendu. L’accès à l’eau n’est pas un luxe mais un droit fondamental.

 

Par Morikè Kaba, pour lerenifleur224.com