J’ai écouté un homme en proie à une souffrance indescriptible, lisant un document en guise d’adresse à la Nation. J’ai vu un personnage rongé par des reproches intérieurs, un homme qui regrette profondément et qui semble désemparé face à la situation de son pays. Un pays embourbé dans un engrenage social, économique, politique et sécuritaire, alimenté par des lobbies ayant profité de son nom et agi pour leurs intérêts égoïstes.
J’ai vu et entendu un officier – autrefois une grande fierté nationale, révélé lors du défilé militaire de la fête de l’indépendance le 2 octobre 2018, et porteur d’un immense espoir pour bon nombre de Guinéens le 5 septembre 2021 – aujourd’hui épuisé sous le poids de la gestion des affaires publiques. Cet officier sait pertinemment qu’après tant de promesses et d’engagements non tenus, sans raisons justifiées ni justifiables, il est désormais impossible de regagner la confiance, même des Guinéens et Guinéennes qui le soutiennent uniquement par intérêt personnel.
J’ai vu un homme perdu dans un discours interminable, qui, hormis l’autocritique perceptible des différents clans maîtres du pays – incarnés par des départements et organes de la Transition – n’avait pas grand-chose à offrir au peuple en termes de résultats concrets liés à ses engagements et à ses promesses d’officier et d’homme d’État.
Aujourd’hui, je souffre dans ma dignité et dans mon rêve d’une émergence accélérée et durable pour mon pays, un rêve nourri par l’aspiration au bien-être de ses filles et fils, dans leur diversité.
Qu’avons-nous fait à Dieu pour mériter cette Guinée ?
Une Guinée gangrénée par la haine et la peur de l’autre, des sentiments qui ne cessent de croître. Une Guinée où le gain facile, obtenu à travers des responsabilités publiques administratives et institutionnelles, prévaut sur le progrès collectif, devenu une véritable culture, voire une religion. Une Guinée où seuls ceux et celles qui acceptent de s’aligner, sans contradiction démocratique constructive, peuvent accéder au dialogue sur les problèmes et défis publics. Une Guinée qui, bien qu’elle chante la liberté dans son hymne national, observe en silence ses enfants contraints au mutisme au prix de leur vie lorsque leurs libertés sont menacées ou bafouées. Une Guinée qui ferme les yeux sur des disparitions forcées, des enlèvements, des arrestations et des détentions arbitraires, sans réponse adéquate de ses institutions judiciaires et sécuritaires.
Non ! Non ! Ce n’est pas Dieu ! Lui, il est juste !
C’est le peuple, c’est nous. C’est à nous de prendre nos responsabilités et d’agir pour trouver des solutions.
Avec mes vœux les meilleurs pour 2025 à toutes et à tous, j’en appelle à un réveil collectif guidé par une conscience patriotique, une audace démocratique et une action solidaire des Guinéens, afin de sortir de cet enfer qui s’installe sur un sol riche en conditions naturelles pour un véritable paradis terrestre.
Abdoul Sacko
Société civile