Viol suivi de meurtre d’une fillette à Dubréka : les autorités suspendent les activités festives et renforcent la lutte contre la criminalité
Le viol suivi du meurtre de la petite M’Mahawa Camara, âgée de seulement six ans, a bouleversé la commune urbaine de Dubréka, dans le Grand-Conakry. Cette tragédie, survenue le 21 décembre 2024 lors d’une fête scolaire, a entraîné une onde de choc dans toute la Guinée, poussant les autorités locales et judiciaires à réagir avec fermeté.
Le Procureur Général près la Cour d’Appel de Conakry, Fallou Doumbouya, a convoqué une réunion d’urgence le 23 décembre, réunissant des acteurs de la chaîne pénale, des responsables locaux, religieux, et éducatifs à la maison des jeunes de Dubréka. Objectif : coordonner les efforts pour retrouver les auteurs de ce crime et mettre en place des mesures préventives face à la recrudescence de la criminalité dans la région.
« Nous sommes ici pour présenter nos condoléances, au nom de M. le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme et de la Région, M. Yaya Kairaba Kaba, à la famille éplorée, ainsi qu’à l’ensemble de la population de Dubréka, sans oublier celle de la Guinée entière. Récemment, nous avons pris des dispositions, conformément aux prescriptions de l’article 64 du Conseil général, en vue de mobiliser l’ensemble des forces de défense et de sécurité de la zone spéciale de Conakry pour démanteler toutes les zones criminogènes. Dubréka fait partie intégrante de Conakry, à quelques exceptions près. Nous sommes ici ce matin à Dubréka pour sensibiliser tous les acteurs de la chaîne pénale : les agents judiciaires, l’administration territoriale, les leaders religieux, et, plus largement, toutes les composantes de la société. L’objectif est de faire de la lutte contre la criminalité une priorité personnelle pour chacun. Nous voulons inviter à une synergie d’actions afin d’éradiquer définitivement ce fléau qui gangrène notre société. C’est l’essence de notre mission au sein de l’administration nationale. Les instructions données incluent notamment la remontée des informations concernant les individus impliqués dans des actes répréhensibles, l’examen des dossiers en instance, et la délégation des cas aux médecins légistes, afin de tirer les conclusions nécessaires ou d’émettre des actes judiciaires. Nous avons également ordonné des actions concertées auprès des conseils de quartier et des chefs de secteur. En vertu des dispositions de l’article 29, les collectivités locales, en tant que primo-intervenants, doivent jouer un rôle actif dans la lutte contre la violence et la criminalité organisée. Nous les exhortons à agir en conformité avec les textes légaux et à assumer pleinement leurs responsabilités pour résoudre ces problèmes. » a déclaré Fallou Doumbouya aux médias présents sur place
Parmi les décisions phares, les autorités ont annoncé la suspension de toutes les manifestations festives dans les écoles jusqu’à nouvel ordre. Elles ont également demandé aux établissements scolaires de soumettre des plans de sécurisation pour garantir la protection des élèves. La Directrice Préfectorale de l’Éducation de Dubréka, Hassanatou Diallo, a exprimé son indignation face à cet acte odieux, tout en saluant l’initiative du procureur.
« Lorsque j’ai appris ce dernier cas de meurtre, qui plus est dans une école, j’ai été bouleversée. En tant que mère de famille et femme, voir un enfant sacrifié de cette manière est une douleur insoutenable. Cependant, j’ai salué l’initiative du procureur, qui a organisé cette réunion de concertation impliquant tous les acteurs concernés : les autorités locales, les éducateurs, les chefs de quartiers et districts, les représentants des écoles publiques et privées, ainsi que les leaders religieux. Cela montre que l’éducation est au cœur des préoccupations de tous et que la justice s’y associe pleinement. Je tiens à remercier le Président de la République pour son implication constante depuis le début de ces événements tragiques. Il a envoyé des missions pour soutenir les familles éplorées, essuyer leurs larmes et leur redonner du courage. Je salue également l’engagement de toutes les parties prenantes dans la sécurisation des écoles et des localités. Les écoles étant situées au sein des quartiers, il est essentiel que chaque citoyen se responsabilise. Je suis convaincue que si chacun joue son rôle, les dégâts seront considérablement réduits. » a-t-elle déclaré.
De leur côté, les chefs de quartier, représentés par El Hadj Mamadou Sanoussy Doumbouya, se sont engagés à appliquer les recommandations issues de cette concertation. Ils ont insisté sur la nécessité d’une collaboration étroite entre les autorités locales et les forces de sécurité.
« Lors de cette réunion, plusieurs décisions importantes ont été prises à l’unanimité. D’abord, la suspension temporaire de toute activité festive dans les écoles, le temps d’élucider ces problèmes et d’identifier les coupables. Ensuite, nous avons exigé des établissements scolaires qu’ils soumettent un plan détaillé de sécurisation. Ces mesures visent à restaurer la crédibilité de nos écoles, car l’éducation n’a jamais été un terreau pour la criminalité. Au contraire, elle forme des citoyens intègres, au service de la nation. »
Cette tragédie, bien que profondément regrettable, a également été le catalyseur d’une prise de conscience collective. Les responsables présents ont unanimement reconnu l’urgence de réformer les mécanismes de prévention et de surveillance au sein des communautés et des institutions scolaires.
Par Rama Fils, pour lerenifleur224.com