Musique : le savez-vous que j’ai été le premier journaliste à inviter Ibro Gnamet à une émission radio ?(Par Moise Rama Fils)
Oui ! L’histoire est têtue, mais elle mérite d’être contée. Pour la petite histoire, Gnamet et moi habitions le même quartier, Belle-Vue. À quelques mètres à peine de nos concessions respectives, nos chemins se croisaient souvent. À l’époque, j’étais journaliste animateur à Horizon FM, une radio où j’avais à cœur de valoriser tous les talents artistiques sans distinction.
Mon projet initial était d’inviter le légendaire Ibro Diabaté, son père, dans mon émission. Lors d’une rencontre fortuite avec Gnamet dans un lieu récréatif, je lui ai proposé d’en parler avec lui. Sa réponse m’a surpris :
« Gui l’heurima, m’ba mouyalakhi » (« Moïse, à l’heure-là, mon père ne se porte pas bien actuellement »).
Je n’ai pas insisté. Mais en tant qu’artiste émergente, Gnamet avait déjà frappé fort avec son single Adamadi Kofo, un morceau qui avait conquis les cœurs mélomanes guinéens. Je lui ai donc lancé :
« Si ton père ne peut pas venir, c’est toi que j’inviterai ! »
Elle m’a regardé, visiblement surprise :
« Euh… Moïse ! »
J’ai répondu avec fermeté : « Que tu le veuilles ou non, ce sera toi. Tu dois te faire connaître. »
Elle a fini par acquiescer timidement.
Vendredi 17 Février 2017, avant 21 heures, l’heure de l’émission Zik’s Horizon, Gnamet s’est présentée au studio, accompagnée d’un jeune homme qu’elle m’a présenté comme étant son manager à l’epoque. Avant de monter à l’antenne, j’avais l’habitude de briefer mes invités sur le déroulement de l’émission : les questions potentielles, les interactions avec les auditeurs…
Assise dans la salle de rédaction, elle m’écoutait, visiblement nerveuse. Puis elle a pris son courage à deux mains et m’a confié :
« Moïse, n’tan moussou sama dhé… Pé n’kha mounsé fala ? A singué nèki n’tan kha fà radio. » (« Moïse, j’ai peur, que vais-je dire ? C’est ma première fois d’être à la radio »)
Avec bienveillance, je l’ai rassurée :
« Ne t’inquiète pas. Tout va bien se passer. Sois juste toi-même. »
Pour détendre l’atmosphère, je lui ai demandé en plaisantant :
« Dans quelle langue veux-tu qu’on parle ? »
Elle a éclaté de rire et répondu :
»Moise ! Won woyen soso khui yandi » « Moïse, parlons en Soussou. »
Avec un sourire complice, j’ai répondu :
« D’accord, patronne ! »
C’est dans cette ambiance chaleureuse que nous sommes entrés en studio.
Pendant l’émission, Gnamet a su partager ses motivations, ses ambitions et ses rêves avec une sincérité désarmante. Elle a répondu aux questions des nombreux auditeurs avec assurance, gagnant leur admiration. Ce moment marqua un tournant dans sa carrière.
Avec une voix puissante et un style éclatant, Ibro Gnamet fait vibrer la scène guinéenne en fusionnant afro-fusion, afro-pop et afro-dance, tout en puisant dans les riches harmonies mandingues. Tel un souffle nouveau, elle s’est hissée au sommet avec des hits intemporels comme « Cadeaux empoisonnés » et « N’kalékhi, sans oublier ses collaborations électrisantes avec son frère Azaya. Son charisme envoûtant et sa signature musicale unique la propulsent au rang des divas africaines les plus admirées.
Aujourd’hui, je suis fier de la voir briller sur la scène musicale internationale. Je ne prétendrai jamais être celui qui lui a tout donné, mais je revendique avec fierté ma modeste contribution à son ascension.
La prochaine fois, je vous raconterai l’histoire de son grand frère Azaya…
Moïse Rama Fils