Alors que la loi ghanéenne exige que les personnes arrêtées soient libérées ou traduites en justice sous 48 heures, une quarantaine de personnes interpellées dimanche 22 septembre lors des manifestations contre la vie chère et la gestion de l’exploitation minière illégale sont toujours incarcérées.
Les manifestants arrêtés lors des manifestations du 22 septembre à Accra sont accusés de conspiration pour commettre un crime, rassemblement illégal et troubles à l’ordre public. Cependant, pour Timothy Selikem Donkor, l’un de leurs avocats, cette détention illégale s’inscrit dans une répression systémique orchestrée par l’État.
« Au moment où je vous parle, certains manifestants n’ont pas mangé depuis 48 heures. Ils ont été détenus, et n’ont reçu d’eau ni de nourriture », dénonce-t-il au micro de Christina Okello, du service Afrique de RFI. « Il incombe maintenant aux avocats et à leurs proches de leur ramener de la nourriture, parfois sur plusieurs kilomètres, parce que la police, dans le cadre de sa stratégie de nuisance, éparpille les manifestants dans toute la région d’Accra afin de rendre le travail des avocats difficile. »
L’avocat estime que cette tactique vise à entraver les efforts des défenseurs des manifestants et à prolonger leur détention sans justification légale. « Les autorités essaient d’utiliser tous ces moyens pour retarder la justice. Il s’agit d’une stratégie orchestrée par l’État pour non seulement violer les droits, mais aussi punir les personnes qui décident d’exprimer leur désaccord avec le gouvernement.»
Cette répression des manifestations n’est pas nouvelle au Ghana. « L’année dernière, 43 manifestants ont été arrêtés et détenus pendant dix heures avant d’être relâchés, rappelle Me Donkor. Ils n’ont pas été poursuivis pour aucun délit. Puis, en décembre 2023, la police a réussi à déposer cinq injonctions visant à saper ou à arrêter les manifestations. Nous assistons donc à une tendance malveillante et préméditée visant à supprimer la liberté de manifester. »
Les avocats des manifestants ont annoncé leur intention de porter l’affaire devant la Commission africaine des droits de l’homme pour dénoncer les violations des droits humains perpétrées contre leurs clients.
Avec rfi