Avant-projet de la nouvelle constitution : voici ce que propose, l’Institut de Recherche Linguistique Appliquée (IRLA) 

Apres la présentation de l’avant-projet de la nouvelle constitution par le Conseil National de la Transition, plusieurs rencontres ont été organisées dans le cadre de la vulgarisation de ce document. En outre, des propositions et des recommandations ont été faites à l’endroit du CNT par plusieurs entités sociopolitique du pays. 

Les langues occupant une place importante dans la vie de la nation, l’Institut de Recherche Linguistique Appliquée (IRLA) a profité de cette occasion, pour apporter sa contribution sur l’avant-projet de la nouvelle constitution. Au cours de l’analyse des articles,

L’IRLA par la voix de son directeur général soutient fermement l’article 2 de l’avant projet de la Nouvelle Constitution qui fait la promotion des langues nationales.

« Cette double approche reconnaît le rôle historique du français tout en s’engageant activement dans la valorisation de notre riche patrimoine linguistique. Pour une mise en œuvre effective de cet article, il est impératif que l’État adopte une loi organique détaillant les modalités pratiques de l’enseignement des langues nationales, ainsi que les mécanismes de traduction et de diffusion des textes officiels dans ces langues. Cela garantirait une participation citoyenne plus inclusive et faciliterait l’accès à l’information pour tous.

L’article 7 – Interdiction de la discrimination et promotion de l’égalité linguistique

L’article 7 interdit toute forme de discrimination, y compris sur la base de la langue. En tant qu’institution de recherche dédiée à la linguistique appliquée, l’IRLA soutient pleinement cet engagement contre la discrimination. Nous recommandons que la constitution aille plus loin en promouvant l’égalité linguistique, notamment dans les domaines de l’éducation, de la justice, et des services publics. Cela pourrait inclure des programmes spécifiques de formation en langues nationales pour les fonctionnaires et les agents de l’État, assurant ainsi une administration accessible et équitable pour tous les citoyens.

Article 10 – Droits des personnes arrêtées et accessibilité linguistique

L’article 10, qui garantit que toute personne arrêtée ou détenue soit informée de ses droits dans une langue qu’elle comprend, est une avancée majeure vers une justice plus équitable. L’IRLA recommande que cet article soit complété par des mesures concrètes, telles que la formation des agents des forces de l’ordre et des magistrats aux langues nationales et la disponibilité de traducteurs assermentés dans toutes les juridictions. De plus, des campagnes de sensibilisation devraient être menées pour informer les citoyens de leurs droits linguistiques en matière de justice.

Article 21 – Droit à l’éducation et à la formation

L’article 21 garantit le droit à l’éducation et à la formation pour tous les citoyens et souligne le caractère prioritaire de l’éducation nationale. Cet engagement envers une éducation gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans est essentiel pour le développement socio-économique du pays. L’IRLA préconise que cette éducation inclut un enseignement en langues nationales dès le premier cycle, afin de garantir que tous les enfants guinéens puissent débuter leur scolarité dans leur langue maternelle, ce qui est prouvé pour améliorer l’acquisition des connaissances et le taux de rétention scolaire. En outre, nous recommandons que l’éducation civique, également mentionnée dans cet article, intègre une composante sur l’importance de la diversité linguistique et culturelle, afin de sensibiliser dès le jeune âge à l’importance du multilinguisme et de l’inclusion.

Article 31 – Compréhension de la Constitution et vulgarisation en langues nationales

L’article 31 est fondamental pour garantir que la constitution ne soit pas un texte éloigné des réalités de la population. En assurant la vulgarisation de la constitution dans les langues nationales, l’État prend un engagement clair en faveur de l’inclusion et de l’accessibilité. Nous recommandons que cette disposition soit mise en œuvre par la création de partenariats avec des institutions de recherche, des universités et des organisations de la société civile pour produire des traductions de qualité et organiser des ateliers de sensibilisation dans les communautés locales. L’utilisation de médias communautaires, tels que les radios locales et les réseaux sociaux, devrait être maximisée pour atteindre tous les segments de la population.

Article 198 – Révision constitutionnelle et diffusion dans les langues nationales

La disposition de l’article 198 concernant la large vulgarisation de tout projet de révision constitutionnelle, notamment dans les langues nationales, est essentielle pour assurer la transparence et la participation démocratique. Nous suggérons d’institutionnaliser cette pratique par la mise en place d’une commission permanente de vulgarisation linguistique, qui travaillerait en collaboration avec l’IRLA et d’autres acteurs clés pour garantir que tous les citoyens aient la possibilité de comprendre et de participer aux réformes constitutionnelles », a fait savoir Mohamed Bintou keita.

Sur cette même lancée, L’IRLA formule des recommandations supplémentaires.

<< 1. Reconnaissance et Intégration des Langues Nationales dans les Textes Constitutionnels

Nous recommandons que les huit langues nationales codifiées (Maninkakan, Sosoxui, Lomagoi, Pular, Kisiei, Kpelewoo, Oneyan et Wamey) soient explicitement reconnues dans la constitution comme langues de la République, au même titre que le français. Cette reconnaissance formelle serait une étape importante pour la valorisation de ces langues et la promotion d’une identité nationale inclusive.

2. Renforcement du Multilinguisme dans l’Éducation et les Services Publics

L’intégration des langues nationales dans le système éducatif dès l’école primaire, comme indiqué précédemment, est cruciale pour l’égalité des chances. Nous recommandons également que les administrations publiques soient équipées pour traiter avec les citoyens dans leur langue maternelle, garantissant ainsi un service public plus accessible et inclusif.

3. Développement de Ressources et de Supports Éducatifs en Langues Nationales

Pour soutenir ces efforts, il est essentiel de développer des manuels scolaires, des supports pédagogiques et des documents administratifs dans les langues nationales. Cela inclut également la traduction de documents juridiques, de procédures administratives, et de contenus informatifs destinés aux citoyens.

4. Formation Continue et Sensibilisation

La formation continue des fonctionnaires et des enseignants dans les langues nationales doit être une priorité. Des programmes de formation spécifiques, en partenariat avec des institutions de recherche linguistique, doivent être mis en place pour assurer une compréhension et une utilisation appropriée des langues nationales dans tous les aspects de la vie publique>>, a-t-il conclu.

 

 

 

Ousmane Baldé, pour lerenifleur224.com