Transition en Guinée : ‘’ la junte militaire met tout en place pour se maintenir au pouvoir et c’est ce qui ne conviendra pas aux guinéens.’’ Pense Dr Ibrahima Sacko (Interview, 1ère partie)

Le président s’est prononcé récemment sur l’actualité sociopolitique que traverse la Guinée. De la question du respect du délai de la transition en passant par les propos tenus du Premier Ministre, chef du Gouvernement Amadou Oury Bah, Dr Ibrahima Sacko, le Président de la Coalition Sauvons la Guinée (CoSaG) par ailleurs, Président du parti Changement-Progrès-Unité pour la Guinée (CPUG) a répondu aux question de nos confrères de la DW.

L’acteur politique a affiché sa désapprobation face à la situation inespérée que la population guinéenne est en train de traverser en ce qui concerne le retard accusé au retour à l’ordre constitutionnel comme l’avait promis la junte dirigée par le General Mamadi Doumbouya.

DW : L’élection présidentielle en Guinée censée aboutir au retour à l’ordre constitutionnel n’aura finalement pas lieu fin 2024. Comme ils se sont pourtant engagés les militaires qui ont renversé le 05 septembre 2021 le Président Alpha Condé. Et c’est le Premier Ministre de la transition, Bah Oury  qui l’a annoncé en mars dernier. Quelle est votre réaction ?

Dr Ibrahima Sacko : Il faut peut-être revoir le contexte de la transition aujourd’hui dans notre pays la Guinée sur le plan politique, sur le plan économique et aussi sur le plan social, ensuite pour finir, de savoir si les élections auront lieu ou pas. Dans un premier temps, cela fait trois (3) ans que la transition militaire est en place et toutes ses promesses qu’elle a fait n’ont pas été réalisées , que ça soit sur le plan politique, la gouvernance politique, nous ne voyons absolument rien, quant à la rédaction et la promulgation de la constitution. La mise en œuvre du code électorale et aussi du fichier électoral, la mise en place aussi d’organes d’organisation de gestion des élections, n’oublions pas aussi l’opérateur technique dont le choix devait être dans la foulée être fait. Vous voyez que la junte militaire met tout en place pour se maintenir au pouvoir et c’est ce qui ne conviendra pas aux guinéens.

DW : Même s’il l’a dit qu’il n’y a aura pas d’élection en 2024, le Premier Ministre Bah Oury a eu ces mots récemment  « Nous travaillons d’arrache-pied pour que le référendum constitutionnel soit organisé à la fin de l’année en cours. » N’est-ce pas une bonne nouvelle ?

Dr Ibrahima Sacko : Vous savez, ce qui n’a pas été fait en trois (3) ans ne peut pas être fait en six (6) mois, par exemple la sierra Leone et le Liberia qui à l’époque pour sortir de la guerre civile ont pu organiser les élections en moins de trois (3) mois. Ce qu’il faut savoir, sait qu’ il n’y a pas de volonté manifeste pour organiser les élections, donc à partir de là, nous ne croyons pas à ce que le Premier Ministre Bah Oury a dit, cela fait plus d’un mois qu’il avait dit cela, mais aujourd’hui, rien est fait, même la rédaction et la promulgation de la constitution qui devait être fait le mois de mars de cette année, nous sommes au mois de juillet et c’est ce qui n’est pas fait. Donc, il y’a la mauvaise volonté et velléité réelle de rester au pouvoir ce qui ne conviendra pas du tout au peuple de Guinée.

DW : Donc, vous soupçonnez la junte militaire avec à sa tête le général Mamadi Doumbouya de manœuvrer pour espérer gagner du temps pour conserver le pouvoir ?

Dr Ibrahima Sacko :  Ils ont largement gagné du temps pour ça, et maintenant ils veulent se maintenir au pouvoir et ce n’est pas possible, ne serait ce que les trois années passées sous leur règne, sur le plan social, c’est une catastrophe en Guinée. Les prix ont augmenté et multiplié par trois (3) sur les denrées alimentaires, tout ce qui est riz, huile, c’est quand même très grave. Pire encore, nous observons qu’il ya des coupures régulières d’électricité dans notre pays, il ya des villes entières qui peuvent faire une ou deux semaines sans voir l’électricité, tout ceci ne plaide pas en leur faveur. Quand vous prenez la liberté d’expression, des journalistes ont été emprisonnés, des médias ont été fermés pour des raisons fallacieuses et très discutables. Au-delà de cet aspect de transition, ce que les guinéens vivent aujourd’hui est dramatique, c’est pourquoi, nous allons tout faire pour que la junte rende le pouvoir comme il l’avait promis il y a (3) ans.

 

A suivre…

 

Décryptage de Ousmane Baldé, pour lerenifleur224.com