Il faudra encore des années pour tout savoir de l’opération du 05 septembre 2021 ayant renversé le président Alpha Condé un an après une réélection controversée et obtenue dans le sang de dizaines de jeunes tués à des occasions de manifestations politiques anti-troisième mandat. Mais à mesure que le temps passe, des acteurs clés prennent la parole et apportent des réponses à des interrogations.
A propos du tout-puissant ministre de l’Administration du territoire d’alors, c’est lui-même qui donne sa version dans un livre quant à sa posture le jour des évènements. Le Général Bouréma Condé (désormais à la retraite), dans son livre intitulé «Vivre et servir», paru il y a juste quelques mois, évoque ce jour qu’Alpha Condé ne cessera jamais de maudire. Mais sur les 220 pages du document lu pour vous par Guinee114.Com, le chapitre portant sur le 05 septembre 2021 est le plus court avec seulement deux pages.
Au matin du 05 septembre 2021, à 8 heures précisément, révèle Bouréma Condé, «ma valise est posée sur la terrasse de ma résidence de fonction». L’ancien ministre dit qu’il s’apprêtait à partir à l’aéroport pour se rendre en Côte d’ivoire sur invitation de son homologue Kandia Camara, ministre ivoirienne des Affaires étrangères. Il devait représenter la Guinée à une rencontre sous-régionale relative à la feuille de route pour les résolutions durables de la situation des réfugiés ivoiriens. Une rencontre qui devait démarrer le lendemain 06 septembre à 10 heures dans la capitale du pays d’Alhassane Ouatara.
«Ma convocation à l’aéroport de Conakry est pour 10 heures, le 05 septembre. Je finis de dire aurevoir à ma famille et à ma garde. L’un d’entre eux ouvre la portière de la voiture pour mon départ. Je reste figé : des détonations d’armes automatiques nous parviennent du côté de la Cité des douanes», déclare le ministre dans son ouvrage édité par Harmattan Guinée.
Il «ordonne » de le conduire à l’endroit d’où venaient les détonations. « Mon neveu Kémo insiste pour m’accompagner quand j’ai dit aux gardes de ne pas bouger. A peine sorti de la cour, je constate un mouvement de panique générale, les gens fuyant dans tous les sens», décrit-il avant d’ajouter qu’il avancera néanmoins jusqu’au carrefour du CHU de Donka sur l’autoroute Fidèle Castro où un conducteur de taxi en provenance de Kaloum lui conseille de rentrer à la maison. Ce dernier lui aurait confié avoir vu près de trente (30) véhicules armés se diriger vers la présidence.
«Pendant ce temps, les tirs se font de plus en plus nourris. Je replis à la maison et attends. Quelques heures plus tard, un coup d’Etat réussi est annoncé. Les nouvelles autorités demandent la présence de tous les anciens membres du gouvernement et présidents d’institutions républicaines dès le lendemain au palais du peuple. Je me présente parmi les premiers venus», dit-il.
Pour refermer ce court chapitre de son livre, l’ancien ministre choisi un bref entretien qu’il aurai eu avec un journaliste alors que la cour du palais du peuple était bondé de jeunes surexcités venus crier victoire et narguer ces hautes personnalités membres d’un système qui leur rendait la vie de plus en plus dure et insupportable. «Un journaliste m’aborde : Monsieur le ministre quels sont vos sentiments ? Ma réponse est instantanée et sans ambages : Tout ce que Dieu fait est bien fait», rapporte-t-il.
Le livre de 222 pages imprimé en mars 2024 et présenté à l’occasion des 72 heures du livre un mois plus tard, est disponible chez Harmattan Guinée au prix de 25 euros.
Guinee114