L’Église catholique se positionne à son tour sur la gestion de la transition. Dans une longue lettre ouverte, la Conférence épiscopale de Guinée « invite les autorités à clarifier d’urgence le calendrier de la transition, avec son programme, sa stratégie et ses objectifs ».
Si cette longue lettre avait été écrite début mai 2024, elle n’a été diffusée que lundi 1er juillet par des sites d’information.
En Guinée, le message interpelle également les partis d’opposition et la société civile, afin que toutes les parties définissent ensemble « un nouveau cadre de dialogue réellement inclusif » pour éviter tout embrasement dans le pays.
C’est lors du pélerinage catholique de Boffa, il y a tout juste deux mois, que cette lettre a été rédigée. Les évêques avaient pris la peine de la lire face caméra et d’envoyer l’enregistrement à la télévision publique RTG. Mais celle-ci ne l’a jamais diffusé à l’antenne, selon les signataires. Ce n’est qu’en début de semaine que des sites d’information l’ont exhumée.
Les évêques dressent un tableau inquiétant de la situation : chômage, inflation, pénurie d’eau et d’électricité, insécurité grandissante… « Tout semble aller à vau-l’eau » dans un pays « sans gouvernail », dit le message. Ce dernier souligne des « difficultés aggravées par le manque de visibilité dans l’orientation, le le programme et le calendrier de la transition ».
Les évêques de Guinée interpellent les autorités sur leur « mutisme » qui est « source d’angoisse et de peur »
Selon le père Louis Gbilimou, secrétaire général de la conférence épiscopale guinéenne, deux mois après l’enregistrement de la lettre, le message est plus que jamais d’actualité.
« On interpelle le gouvernement et les gouvernés sur les faits actuels. Il y a moins d’emplois. La flambée des prix des denrées alimentaires, le manque d’électricité, les routes qui sont défectueuses avec des accidents… Toutes ces interrogations sont aussi liées au fait qu’il n’y a pas de visibilité et de lumière sur le chronogramme. Il y a déjà des partis politiques qui sont en train d’annoncer des grèves concernant ce manque de visibilité sur le chronogramme, qui concerne la transition. Nous avançons vers la fin de cette transition qui avait été annoncée. Il ne peut pas y avoir de changement ou bien de prolongation sans que ce soit un accord, en harmonie avec les uns et les autres. C’est pour éviter qu’il y ait des grèves ou des soulèvements ou que cela agisse sur l’ordre social », explique le père Louis Gbilimou.
Les évêques de Guinée interpellent également les autorités sur leur « mutisme » qui est « source d’angoisse et de peur ». Ils tendent la main aux opposants et à la société civile afin que toutes les parties « mettent balle à terre et calment les tensions au lieu de souffler sur les braises. »
Source: rfi