Dysfonctionnement à la RTG : et si le problème dépassait même la Guinée ? (Mamoudou Boulléré Diallo)

Nous assistons à des faits inédits à la radiodiffusion télévision guinéenne (RTG), ces derniers temps. Un combat sans merci entre des acteurs censés collaborer pour le fonctionnement du média public. Ils se rejettent des responsabilités sans cesse. Jamais une sanction d’un directeur général n’a fait un tel bruit dans le pays. Justement après la décision de la ministre de l’information et de la communication de suspendre le DG de la RTG et le rédacteur en chef de la télévision nationale, c’est quasiment tout le personnel qui a débraillé. Les travailleurs sont allés jusqu’à demander le départ d’Aminata Kaba à la tête du département. Mais est-ce qu’ils sont maîtres de leur décision ? Difficile de répondre avec exactitude. Ce que nous savons ce que le problème exposé relève de la technique. Et un peu plus profond qu’on ne l’imagine.


Le siège de la RTG ainsi que son équipement sont le fruit d’un don de la Chine vers l’an 2000. Bien qu’en 1977 le guide libyen, Mouammar Kadafi, a offert la première télévision à la Guinée en noire et blanc au premier régime d’Ahmed Sékou Touré. Mais le pays n’avait pas encore de siège pour accueillir une chaîne de télé. Elle a été logée dans le studio B de la Voie de la Révolution d’alors.

Selon le directeur technique de la RTG, les Chinois ont installé l’équipement de manière spécifique : le son est numérique et les images sont analogiques. Près de 50 ans après, le monde évolue et la Guinée ne veut pas et ne doit pas rester en marge. Mieux, le directeur technique nous apprend que la Chine a fait importer un centenaire du matériel audiovisuel mais que le débarquement n’est pas fait. Que reproche-t-on aux Chinois ? N’a-t-on pas en train d’essayer un problème profond de manière superficiel ? Si on veut s’affranchir qu’on le fasse jusqu’au bout. De la construction à l’équipement de nos édifices publics et c’est là et là seulement que toute la décision nous appartiendra.

Personnellement, je ne crois pas que la ministre ait fait importer du mauvais matériel, mais plutôt elle aurait adopté une mauvaise posture qui obscurcirait sa volonté.

Premier problème : le pays traverse une transition militaire. Et la junte est perçue plus ‘’réceptive’’ aux occidentaux qu’au premier partenaire la république populaire de Chine. Et nous savons aussi la tradition du don de matériel, c’est souvent le donateur qui assure le suivi. Donc on peut dire sans risque de nous tromper que le donateur ne va pas apprécier qu’un autre soit contacté pour l’entretien du don en son absence. Alors l’Italie serait-il le problème ? Rien n’est moins sûr !



Deuxième problème : l’Italie est sollicitée pour la modernisation du plateau du journal télévisé en compagnie d’autres nationalités mais pas la Chine. Patatras ! Tous les responsables de la télé disent être mis de côté pour ce travail. Est-ce qu’ils ont été associés à la première installation de l’équipement effectuée par les Chinois ? Nous n’avons pas obtenu une réponse auprès de M. Naby Camara, directeur technique de la télévision qu’on a joint au téléphone alors qu’il était en entretien avec sa hiérarchie.


Troisième problème : l’argent, le nerf de la guerre. On raconte que des milliards de francs guinéens, 14 pour être précis ont été investis dans la confection du plateau et la conception du nouveau logo controversé. « La ministre n’a associé personne dans son projet et comme ça a capoté, elle cherche des coupables. Le directeur général et le rédacteur en chef ne peuvent pas porter le chapeau. Voilà pourquoi nous avons tous protesté contre leur suspension », nous a confié un fonctionnaire en service à la RTG.

De regard d’un observateur averti, on comprend bien que même la ministre est une pilonne dans l’affaire. Donc suspendre le directeur général, le rédacteur en chef et ou le directeur technique ne va pas résoudre l’affaire. Le départ de la ministre va-t-il arrangé tout, je n’en suis pas si sûr. Elle est mise au dos du mauvais bébé. La presse n’aime qu’on la cible, elle ne pardonne pas ça! Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que le mal est profond !