Affaire Haali Pular: « La discorde est le miel du Fouta-Djalon…La guerre fratricide est notre sport favori » (Monénembo)
Alors que Elhadj Ibrahima Diallo « Onathole » prétendait devenir le successeur par intérim de feu Elhadj Ousmane Fatako « Sans loi » conformément aux dispositions réglementaires de la coordination des Fulbhès et Haali Pular, ce dernier a été automatiquement remplacé par Elhadj Alseny Dalaba Barry, officiellement installé le mardi 04 avril 2023.
A l’issue de cette intronisation à Boussoura à la maison du Foutah, la discorde a été totalement consommée autour du principe de la présidence tournante établi entre les provinces du Fouta-Djalon.
Depuis, les réactions fusent de partout. Pour le célèbre écrivain Tierno Monénembo, cette dissension ne constitue guère un phénomène nouveau dans cette région montagneuse du pays.
« La discorde est le miel du Fouta-Djalon. Tous nos malheurs viennent de là », regrette-t-il.
Dans un entretien qu’il a accordé à notre rédaction ce mercredi 05 avril, ce romancier de renom, natif du massif montagneux, a à travers plusieurs anectodes démontré que ce manque d’harmonie date de l’époque pré-coloniale.
« Gallieni avait dit à Olivier de Sanderval: » Pour envahir le Fouta-Djalon, il faudra au moins 3000 soldats français bien équipés » et celui-ci avait répondu : « Nul besoin de soldat ! Ces gens sont suffisamment divisés et moi je vais les aider à se diviser davantage. » On connaît le résultat. Avant cela, El Hadj Omar (qui a grandi au Fouta-Djalon et qui connaissait le pays comme sa poche) avait tout fait pour atténuer les traditionnels clivages entre Timbo et Labé, Soriyas et Alphayas etc., en vain. Rokhia Bâ la fille de Hampâté m’a dit que lorsque son père est venu pour la première fois au Fouta en 1940, c’est l’atmosphère suffocante de jalousies et de haines qui l’avait frappé », a-t-il rappelé.
Thierno Saidou Diallo connu sous le pseudonyme Monénembo peine encore à oublier le destin tragique de Barry Diawadou, cet éminent cadre guinéen victime du régime de Sékou Touré, qui a manqué de soutien de la part de sa communauté.
« On sait dans quelles conditions le Fouta a abandonné Barry Diawadou pour se ranger derrière Sékou Touré avec les dramatiques conséquences que l’on sait. Chez nous, dès que quelqu’un lève la tête tous les autres se liguent pour la lui briser. La guerre fratricide est notre sport favori », a-t-il déploré.
Mosaiqueguinée