Alphonse Charles Wright ou la perle jetée aux pourceaux (Par Mohamed Lamine Sylla)

Nombreuses sont les plaies de notre société à rester longtemps béantes avec en toile de fond l’indifférence coupable de nos gouvernants antérieurs. La pauvreté extrême, la corruption, une justice bafouée, les droits de l’homme relégués au second plan, tels sont entre autres des cancers qui ont longtemps gangrené notre Guinée au sens le plus profond du terme. On ne le dira jamais assez, les maux de notre société sont aussi coriaces que multiples. Ils ont malheureusement l’avantage de s’être enracinés au fil du temps, toute chose qui rend difficile et, dans une certaine mesure, douloureux de les guérir.

La force du mal est à l’œuvre

Sans prétention aucune, la transition en cours dans notre pays a pris sur lui la responsabilité historique d’affronter, avec tout le risque que cela comporte, les maux les plus cruels de notre société. Ce n’est pas une mission impossible tant s’en faut. Mais, convenons-en, la mener à son terme n’est pas chose aisée. Le principale obstacle qui se dresse sur le chemin du triomphe contre le mal reste ici le rôle nocif de ceux et celles qui tirent profit du mal en question. Ils ont l’avantage du nombre, ne l’oublions pas. Ils sont tapis à tous les niveaux et dotés de moyens redoutables. On les rencontre dans la haute sphère de l’administration ; ils sont cachés derrière le micro et la plume. Ils ont même infiltré le peuple, leur victime directe. Pour eux le choix est sans équivoque : il faut « tirer » sur tout ce qui se dresse sur leur passage. Il n’est donc pas étonnant que le jeune ministre de la justice soit la cible de cette force du mal. Quoique son crane soit nu, il faut y trouver des poux à tout prix. Aucune occasion n’est à rater lorsqu’il s’agit de freiner l’élan pourtant réformateur de cet enfant prodige de la république. Voilà malheureusement le chantier titanesque qu’ils se sont assignés, oubliant lamentablement de quel acier est réellement fait monsieur Alphonse Charles Wright.

Les chiens aboient, la caravane passe

A dire vrai, il en faut aux détracteurs plus que ces sarcasmes, ces sabotages et mêmes ces intimidations pour arriver à bout de l’engagement oh combien immense du Colonel Président et de son Garde des Sceaux. A aucun moment les mains du patriotes Mamadi Doumbouya et celles de son ministre réformateur ne trembleront lorsqu’il s’agit de donner sa dignité au peuple de Guinée. Autant dire à tous ceux et à toutes celles qui se sont trouvés pour obsession l’anéantissement de la dynamique en cours, qu’ils ont véritablement du grain à moudre. Masquer à main nue un soleil au zénith est le plus pharaonique des boulots. Le soleil des réformes brille de tout son éclat et l’éteindre en plein midi est pratiquement mission impossible. La refondation est déjà en marche et elle arrivera à bon port advienne que pourra. Les sages Soussou n’ont pas tort lorsqu’ils affirment, citation : « même pour être conduit au paradis d’aucuns se feront enchainer ». Si non comment comprendre que certains compatriotes se donnent tant de mal pour saborder des nombreuses et bénéfiques réformes en cours actuellement en Guinée ? Qui a intérêt à ce que notre pays baigne dans la corruption qui l’a toujours rongé ? A quoi vous servira votre obsession à mettre le bâton dans les rouages de l’actuel Garde des Sceaux ?

De la perle jetée aux pourceaux

Comme chacun de nous, le Ministre Charles Wright n’est pas parfait et il n’en a même pas la prétention. Son seul souci consiste à donner sa dignité au guinéen en lui restituant ses droits longtemps déniés. Depuis son arrivée à la tête du département de la justice les réformes à tous les niveaux sautent aux yeux ; tant et si bien que nous n’avons pas besoin de les citer ici. Si non qui ne voit pas le combat courageusement mené contre la corruption ? Il est où ce guinéen qui ose regarder droit dans les yeux et affirmer que l’image de notre justice n’est pas entrain de changer ? Les conditions de détention, l’ouverture des dossiers réputés intouchables, l’accessibilité vis-à-vis de la justice, lutte contre la corruption, un ministre disponible et à l’écoute de son peuple…

Nous pouvons comprendre que les attentes soient nombreuses, cela ne nous étonne ni ne nous écœure. Il est du droit de chaque guinéen de réclamer plus de résultats à ses gouvernants, ceci ne fait aucun débat. Mais il est aussi du devoir de chacun de nous de reconnaitre à sa juste valeur le ou les efforts fournis. Prendre la partie pour défendre le peuple contre les aristocrates impénitents est ce qu’il y a de plus compliqué et de plus risqué pour un gouvernant. Il s’expose et expose ses proches au danger de toute sorte. Il se prive presque de tout pour défendre le peuple, rien que le peuple. Cela est d’autant plus difficile à réaliser que certains choisissent la facilité ; c’est-à-dire accepter les combines avec les réactionnaires pour abuser du peuple qu’on est sensé protéger et défendre les intérêts. Ils acceptent ainsi de comploter contre le peuple en lieu et place de se sacrifier pour lui. Voici l’option simpliste que choisi hélas la majorité des gouvernants surtout sous nos tropiques. C’est la raison pour laquelle nous affirmons sans risque de nous tromper qu’avoir un ministre de la trempe de monsieur Charles Wright est une bénédiction pour ceux qui en connaissent la valeur. Il aurait pu se taire comme certains de ses prédécesseurs. Il pouvait se préoccuper de ses intérêts pécuniaires. Mais ce serait une trahison de sa part vis-à-vis d’abord du Colonel Mamadi Doumbouya qui a placé en lui une confiance implacable. Ensuite ce serait surtout une trahison envers le peuple de Guinée qui attend de lui un résultat concluant. Or, pour un homme d’honneur de sa constitution, la trahison est la pire et la dernière des douleurs qu’il puisse infliger à son peuple. Voilà donc en un mot comme en mille le vrai sens du combat que mène le jeune Garde des Sceaux au sein du gouvernement de la transition. Il serait ministre sous d’autres latitudes, cet homme serait respecté et protégé comme la prunelle des yeux. Mais hélas, notre pays étant ce qu’il est, en lieu et place d’être grandi, l’homme est voué aux gémonies, calomnié, à la limite injurié et traité comme un moins que rien. Mais fort heureusement, monsieur Charles Wright est totalement vacciné contre cela. Il a un moral d’acier ne lui permettant pas de courber l’échine face à la force du mal qui ignore que ses agissements, aux lieux qu’ils anéantissent l’élan, donne du tonus à l’homme d’Etat qu’il est et dont le leitmotiv consiste à impacter durablement et positivement notre société qui n’a que trop souffert.

Par Mohamed Lamine Sylla, éditorialiste

00224 625 25 00 40